Les lanternes des morts sont des petites tours plantées au milieu des cimetières limousins. Une poulie permettait de monter un fanal jusqu'aux ouvertures du sommet. L'usage en est très controversé: honneur aux défunts, signal de décès, phare dans la nuit ... La majorité des lanternes a disparu de nos cimetières; il en reste cinq en Creuse. Trois d'entre elles sont situées au nord-ouest du département (Saint Goussaud, La Souterraine, Saint Agnant de Versillat) jalonnant (est-ce une coïncidence ?) la "via lemovicensis" (route historique partant de Vezelay et traversant le Limousin). Les deux autres sont au sud-est à l'opposé (Felletin, Crocq). La vallée de la Creuse nous servira de lien entre ces deux extrémités. Après les Routes de St Jacques en Limousin, la Route George Sand, la Route de la Tapisserie et La Route Centre Europe Atlantique, voici donc le Chemin des Lanternes. Ne cherchez pas ce circuit sur une carte ou dans un guide; il n'existe pas. C'est une "cyber-promenade", prétexte à lanterner d'une commune à l'autre sur les petites routes de Creuse. "Vous verrez qu'il y a au centre de la France des sites que l'on va chercher bien loin, sans se douter que l'on en a de pareils sous la main". (George Sand, lettre à Pauline Viardot). Remarque: La description des communes étant toujours en chantier (à vos claviers !), beaucoup de liens hypertexte n'aboutissent pas encore. Prologue. Il eût été dommage de monter à St Goussaud en ignorant la vallée du Taurion; c'est pourquoi nous partirons de Pontarion. Pontarion. L'eau
du Taurion sert de miroir au joli château (XVème) de "Pont-Thaurion" (fermé au
public). A l'époque des Guerres de Religions, la cité et son château furent au coeur des batailles
locales entre catholiques et protestants. Bourganeuf. L'église St Jean (XIIème-XVème) et la commanderie des Hospitaliers (XVème) gardent encore le souvenir de Zizim, prince exilé et captif. En 1886, grâce à l'ingénieur Desprez, la ville fut la première au monde à être éclairée par l'électricité produite à la Cascade des Jarraux située sur la commune de Saint Martin Château. Masbaraud-Mérignat. Les routes D8 et D44 traversent la belle forêt de Mérignat. C'est dans une ferme de ce village oublié des guides, que naquit Raymond Poulidor. Châtelus le Marcheix.
Au barrage de la Roche Thalamie succède le plan d'eau du barrage de l'Etroit. Sur la falaise, héritage du
passé, le cimetière entoure encore l'église d'origine romane plusieurs fois remaniée du XIIème
au XVIème siècle. SAINT
GOUSSAUD. Départ officiel de notre voyage. Pour rejoindre La Souterraine puis Crozant, nous remonterons le chemin historique de St Jacques de Compostelle. Arrènes. Au village de Champegaud, il existe encore des "bories", cabanes de berger en pierres sèches. Le village de Reix, qui était une commune indépendante jusqu'en 1836, possède un intéressante petite chapelle et une fontaine St Eutrope qui guérit les infirmes. Marsac. Eglise du XIIème. Il y a quelques années, la boyauderie fabriquait des cordes naturelles pour les violons et les raquettes. Le long de l'Ardour, une belle bâtisse marque le souvenir des "Grands Moulins" maintenant disparus. Si la gare n'est plus qu'une halte, la piscine et le camping attirent un public nombreux. Bénévent l'Abbaye. Chef d'oeuvre de l'art roman limousin, l'église abbatiale du XIIème est une étape obligée sur notre chemin. La dureté du granit n'a pas rebuté les artistes qui ont ciselé trente-huit chapiteaux merveilleusement inspirés. De l'abbaye, il reste deux bâtiments remaniés au XVIIème siècle et une jolie fontaine près de l'Office de Tourisme. Le Grand Bourg. Voici une des rares églises gothiques de Creuse (avec Pontarion et Aubusson). Elle contient une croix reliquaire et une vierge auvergnate; son pourtour est parsemé de sarcophages, de cippe et d'urnes funéraires. Saint Priest la Plaine. Le mur nord de l'église supporte une très belle peinture murale du XVème siècle. Lizières. Un village, une église, des gens surpris de voir passer un étranger chez eux. LA
SOUTERRAINE. La lanterne se trouve au milieu du cimetière (route de Paris). SAINT AGNAND DE VERSILLAT. Autrefois près de l'église, la lanterne a été déplacée en haut du cimetière. Elle domine les tombes recouvertes de leurs serres en verre cathédrale, typiques des cimetières de cette région de la Creuse. St Agnant est lui aussi traversé par la route de Compostelle. Saint Germain-Beaupré. Le château de la Renaissance a accueilli Henri IV et Mademoiselle de Montpensier; ses tours couvertes d'un dôme d'ardoises surmonté d'un clocheton sont très élégantes. Les quatre jardins à thème de la Crinaldière méritent une petite promenade. La Chapelle-Baloue. Confluent de la Sédelle et de la Brézentine, le village était fortifié. Le mur d'un jardin cache une pierre de mesure gallo-romaine (c'est un bassin creux, au fond incliné, avec un trou d'écoulement). Crozant. L'éperon
rocheux qui marque le confluent de la Creuse et de la Sédelle est occupé par les ruines d'une forteresse du
Xème siècle détruite par Richelieu; l'état des ruines nécessiterait quelques
travaux de consolidation. George Sand admirait ce site; en pleine nuit, elle y avait emmené Chopin: "La Creuse
est peut-être la plus belle rivière du monde, au mois d'avril, en cet endroit-là". C'est là
qu'est née l'Ecole de Crozant rendue célèbre par des peintres comme Armand Guillaumin, Claude Monet,
Théodore Rousseau, Francis Picabia, ... Fresselines.
Le confluent des deux Creuses garde le souvenir de Claude Monet et du poète Maurice Rollinat. Gaston Thiery maintient
encore vivante la tradition artistique et le Centre Artistique de la Vallée de la Creuse perpétue le souvenir
de l'Ecole de Crozant.
La Celle-Dunoise. Tout ici incite au repos. L'église fortifiée se reflète dans les eaux calmes de la Creuse. En 1891, l'élargissement de la route a défiguré le pont gothique en masquant les refuges et en cachant les arcs brisés qu'on devine encore derrière les arcs en plein cintre. Le Bourg d'Hem. "Ici Londres. Les français parlent aux français". Le village garde encore le souvenir de Pierre Maillaud dit Pierre Bourdan qui fut la voix de la France Libre, pendant la guerre 39-45. Champsanglard. Après huit ans de restauration, l'église du XIIème est de nouveau ouverte. Le visiteur peut, enfin, revoir les très beaux chapiteaux. Anzème. Le diable lui-même a construit le pont sur la Creuse. La clé de voûte décalée est là pour témoigner que, joué par la fille du meunier, il n'a pu finir son travail. Saint Fiel. En 1789, pris de fièvre révolutionnaire, le village voulait s'appeler "La Fidélité". L'église du XIIème fut sans doute fortifiée; l'autel de bois sculpté est daté du XVIIème. Guéret. Bien
qu'il soit possible d'aller directement de Saint Fiel à Saint Laurent, un petit détour par Guéret s'impose.
Saint Laurent. Le "village-banlieue" possède aussi un aérodrome. En allant vers Pionnat (D4), aussitôt après le pont sur la Creuse, il faut tourner à droite pour longer la rivière dans la direction de la Petite Baleyte. Busseau
sur Creuse. Avant de redescendre dans la vallée, un large panorama permet de découvrir le pont sur la
Creuse et le viaduc (300m de long, 80m de haut). Le style de l'ouvrage le fait souvent attribuer à Eiffel;
en fait il a été construit sous la direction de l'ingénieur Wilhelm Nördling de la compagnie Paris-Orléans. Le Moutier d'Ahun.
L'arrivée par Busseau est le plus beau point de vue sur le joyau du département. Le "pont romain", mais plutôt
"roman", (XIème) sert de premier plan au Moutier célèbre pour ses boiseries
du XVIIème siècle sculptées par Simon Bauer. En 1997, s'y est ajoutée une tapisserie
d'Aubusson commémorant mille ans d'histoire. Ahun.
La crypte et le choeur de l'église d'Acitodunum ont été
bâtis au IXème et Xème siècle.
La nef de l'église a été reconstruite au XVIIème. Lavaveix les Mines. Les mines de charbon
ne sont plus qu'un souvenir, même si au loin, l'un ou l'autre terril domine encore le paysage. Le charbon était
de médiocre qualité et l'activité a définitivement cessé en 1969. St Martial le Mont. L'église fortifiée a été construite au XIIIème siècle. La Rochette. Une jolie petite église est logée sur un éperon rocheux dominant la Creuse. Alleyrat. Eglise et crypte. Aubusson. Est-il
besoin de présenter la capitale mondiale de la tapisserie ? Une visite au Musée Jean Lurçat et à
la Maison du Tapissier s'impose. Mais il ne faut pas oublier l'église Ste Croix (XIIIème),
son école d'orgue réputée, le site du Chapitre, la Tour de l'Horloge, la Chapelle St Jean, les jolies
maisons anciennes, ... FELLETIN.
Voici notre quatrième lanterne; elle date du XIIème siècle. Pontcharraud. L'église possède un "clocher-mur". Ces clochers sont dits "clochers des pauvres", car tout maçon un peu habile peut les construire. Saint Maurice près Crocq. De l'ancien château, il reste un portail crénelé. CROCQ.
Fin officielle du voyage. Epilogue. Nous sommes si bien partis que nous n'allons pas en rester là et nous allons encore prolonger notre promenade vers le nord. Auzances. En 1640, le pape offrit au curé une Descente de Croix peinte par Voltera. Ce peintre s'est rendu célèbre en "rhabillant" les oeuvres dénudées du Vatican ! L'église abrite également une Piéta de petite taille mais remarquable d'émotion. Rougnat. Le château Bodeau, fermé au public, a servi de décors au film d'Alain Corneau "Tous les matins du monde". Il a été racheté par le chanteur d'opéra José Van Dam. L'église contient vingt-et-un tableaux datant du XVIIIème siècle. C'est un chef-d'oeuvre de l'art baroque en Creuse. Evaux les Bains. Eglise abbatiale (XIème-XIIème) avec son clocher à cinq étages. L'emplacement de l'abbaye est occupé par un très beau jardin. L'établissement thermal remontant à l'antiquité (Evaonum) est le seul de la région Limousin. Chambon sur Voueize. Abbaye bénédictine depuis 807, avec son immense collégiale Ste Valérie (XIIème), ses ponts sur la Voueize, ses maisons anciennes, Chambon devrait bientôt faire partie du cercle très fermé des 130 "Plus Beaux Villages de France". Lépaud. L'église de l'ancienne commanderie templière a conservé un beau portail du XIIIème. Soumans. L'église romane a été fortement remaniée au XVIIIème siècle. Pendant des années, la commune s'enorgueillit de posséder la seule piscine de Creuse et qui plus est, chauffée ! A Montrebas, l'ancienne mine d'étain produit des turquoises utilisées en joaillerie. Lavaufrance. L'incontournable commanderie
templière figure sur tous les guides du département. Boussac. Le château
(XIIème et XVème) a attaché son nom aux six tapisseries de la "Dame à
la Licorne" (Musée de Cluny à Paris) vendues, dit-on, pour repaver le champ de foire ! La visite nous
fait découvrir la chambre de George Sand et des tapisseries anciennes. Dans la ville, située en grande partie
sur la commune de Boussac-Bourg, quelques maisons
à tourelles et à bardeaux méritent une visite. Les deux églises jumelles St Martin (XIIème)
et Notre-Dame (XIème) sont situées côte à côte. Les Pierres Jaumâtres. Comment éviter de visiter ce chaos rocheux et sa "Boussaquine" de plusieurs tonnes en équilibre sur un point ? La légende raconte que la fille du roi Arthur dort sous ces pierres et y attend le prince qui la réveillera. Toulx Sainte Croix. Les dix mètres séparant l'église de son clocher-porche restent un mystère. La tour-relais permet de découvrir un immense panorama sur la Creuse et l'Indre. Bétète. L'abbaye cistercienne de Prébenoît (XIIème), en cours de restauration, est sans doute appelée à devenir un des quatre espaces culturels de la région Limousin. Genouillac. Commencé sur les bords du Taurion, notre chemin s'arrête ici, à la frontière de la Marche et du Berry, sur le long viaduc de granit franchissant la Petite Creuse.
[1] Chantemille est ouvert de 14h00 à 19h30 tous les jours sauf vendredi et samedi
du 15 juillet au 12 septembre 2000.
Crédit photos: Christine et Alain Tixier,
Frank Bourigault (Château de Chantemille), Elise Deschamps
(La Celle Dunnoise), Ministère de la Culture (Rougnat)
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