![]() La lecture des "Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon" de Martin Nadaud nous donne l'occasion, au fil des chapitres, d'évoquer quelques communes de la Creuse. Bien sûr, beaucoup de communes sont citées plusieurs fois dans l'ouvrage; soit que Martin s'y soit rendu, soit qu'il y eût des amis politiques, soit qu'un maçon en fût originaire. Note: toutes les citations et la pagination sont extraites de la version originale imprimée par A.Duboueix à
Bourganeuf en 1895.
Plusieurs fois détruite, l'église actuelle a été reconstruite au XIXème siècle avec des éléments des siècles précédents; elle est édifiée sur une crypte romane. Elle abrite une Vierge à l'Enfant de la fin du XIIIème en cuivre doré incrusté d'émaux de Limoges.
Depuis le XIIIème siècle, la ville bénéficiait d'une charte de ville franche. Elle entourait un château appartenant aux Comtes de la Marche et totalement détruit au cours des Guerres de Religions. Reconstruit en 1440, il fut ravagé par les flammes en 1455. Il reste encore quelques bouts de remparts et une porte. Cette époque a laissé à l'église une chapelle seigneuriale (XVème). Le "Tombeau de Barthélémy de la Place" (XIVème) est classé monument historique. Sur ce haut-relief, sculpté dans un seul bloc de calcaire, on peut dénombrer vingt-sept personnages. Les boiseries du choeur (XVIIème) sont dues à Jean Pavillon de Guéret. Les deuxièmes dimanches de mai et octobre a lieu une foire aux chevaux assez réputée. Il existe d'ailleurs, sur la commune, une station de monte des haras nationaux.
Il s'agit ici de Saint-Hilaire-le-Château. Guy de Lusignan, comte de la Marche était seigneur de St-Hilaire. Quel était son château ? Celui de Liège ou de Puy-Chaumeix tous deux détruits ou celui de la Chassagne (XVIème) qui appartint à J-B. de Malleret, député de la noblesse aux Etats Généraux. Un petit pont romain (roman ?), appelé "Pont Péri", enjambe la Gosne. Le site du Poirier est une charmante chute d'eau sur le Taurion.
Le dallage de l'église est parsemé de pierres tombales de maçons et de tailleurs de pierres; plus qu'ailleurs, sont nés ici, les Maçons de la Creuse (voir aussi "Les Moissons délaissées" de Jean-Guy Soumy, Ed. Robert Laffont).
L'église est dédiée à Saint Martin. Saint Pardoux n'a droit qu'à une chapelle. Le trésor de l'église, (Chasse de Saint Etienne, Bras Reliquaire de Saint Pardoux, Ostensoir, Croix à double branche) a quitté Sardent pour le Musée de Guéret. Héros du film "Le Beau Serge", les gens d'ici en ont longtemps voulu à Claude Chabrol, qu'ils avaient hébergé pendant la guerre, de les avoir méchamment caricaturés.
L'église de St Christophe (XVème) est laissée à l'abandon depuis que la paroisse a été jointe à celle de la Chapelle-Taillefert. Dans le bois de Monismes, se trouve une statue appelée "Le Marmot"; elle daterait de l'époque gallo-romaine.
Dans son superbe jardin, le Musée de la Sénatorerie cache des collections exceptionnelles dont la richesse est trop méconnue: peinture, (Ingres, Sisley, ...), tapisseries anciennes, sculptures, orfèvrerie médiévale, archéologie départementale, mobilier, ...
Genouillac possédait un château entouré de fossés qui contrôlait ce poste frontière important entre les terres des rois de France et d'Angleterre; les guerres successives en ont fait disparaître toutes traces.
Le viaduc abandonné de la ligne déclassée "Guéret-La Châtre" déploie ses seize arches de granit au dessus de la vallée de la Petite Creuse.
Au fond de la place, l'église du XIIème, dédiée à St Michel, est en tous
points remarquable. La nef donne l'impression d'avoir été tronquée de quelques travées. La croisée
des transepts est surmontée d'un clocher massif à la mode des abbayes cisterciennes. Outre un mobilier très intéressant (bénitiers, tableaux, ...), L'église possède de magnifiques chapiteaux romans représentant des feuillages et des dessins géométriques.
Bordesoulle appartient à la commune de Nouziers; il y avait là une auberge sur la route menant à "Nouhant où se trouvait la belle habitation de Mme Georges Sand". L'église romane du XIème fut un prieuré templier dépendant de la commanderie de la Forêt du Temple, toute proche. Le portail possède un tympan, ce qui est très rare en Creuse. Quelques belles sculptures ne manquent pas d'intérêt: modillons, bénitier, ... L'immense forêt qui faisait la richesse des Templiers s'est réduite à la forêt de Fonteny qui occupe, quand même, une grande partie de la commune et déborde sur l'Indre.
La commune est située sur le passage de la voie romaine reliant Clermont à Limoges. L'objet le plus curieux de cette commune est une croix en granit du XVIIème; une guirlande de feuillages est sculptée sur le fût. Au hameau de la Noneix, il devient assez difficile de deviner les traces d'un château en ruines.
Au fil du temps et au gré des chemins menant à Bourganeuf, le "Mas-Barreau" est devenu le bourg
le plus important de Mérignat, donnant naissance à "Masbaraud-Mérignat". C'est dans une ferme
de cette commune qu'est né Raymond Poulidor.
Le visiteur découvrira ici une de ces vastes églises gothiques si rares (hors Chénérailles, Aubusson et quelques autres) dans notre Creuse romane. Elle contient, entre autres, une croix reliquaire, dite de St Léobon, et un bas-relief représentant une vierge auvergnate. Deux belles chapelles du XVIème siècle viennent s'ajouter à la croix latine. Le pourtour de l'édifice est parsemé d'enfeus, de sarcophages, de cippes et d'urnes funéraires. On y remarquera un curieux monument quelques fois appelé "pierre à prêcher" mais qui serait plutôt une fontaine gallo-romaine.
Au village de Baubiat, il existait un prieuré dépendant du monastère d'Ahun.
Les anciennes communes de St Pardoux-Lavaud et Morterolles ont fusionné il y a quelques années pour donner naissance à Saint Pardoux-Morterolles. L'église de St Pardoux possède un joli clocher en gothique flamboyant du XVème siècle et une chapelle seigneuriale du XIIIème. L'église de Morterolles, totalement reconstruite au XIXème, dépendait de la commanderie de St Jean de Jérusalem à Bourganeuf. Le site des cascades d'Augerolles sur le Tourtoulloux mérite une petite promenade.
L'ancienne sous-préfecture fut une ville industrielle importante: mine de charbon, usine de porcelaine, papeteries, fabrique de meubles, etc. Le Musée de l'Electricité rappelle qu'en 1886, la cité fut la première au monde à être éclairée par l'électricité produite à la Cascade des Jarraux (commune de Saint Martin-Château) située à 15 kilomètres plus au sud . La gare n'a plus plus pour voyageurs que les troncs de mélèze et de douglas descendus du "haut-pays".
Ici naquit Pierre d'Aubusson, cardinal et grand maître de l'Ordre des Hospitaliers. Le château natal, qui a valu son nom à la localité, se réduit à un donjon en ruines. Les armes du "bouclier de la chrétienté" sont gravées sur une des clés de voûte de la chapelle nord de l'église dédiée à St-Pierre-de-Vérone (XIVème). Le décors sauvage d'un amoncellement de rochers, au milieu desquels coule le Taurion naissant, compose le site très fréquenté de la "Rigole du Diable".
La commune possède quelques sites intéressants. Le Château-Lavaud (XVème), fief du Vicomté de St Georges est, hélas, à l'état de ruines. Un lion de granit continue son sommeil séculaire devant le beau portail de l'église. A signaler également un des derniers "arbre de Sully" ainsi qu'une fontaine couverte d'origine gallo-romaine et les restes d'un pont roman au Puy du Chalard.
C'est dans cette commune que naquit le truculent Dr Jamot, unanimement vénéré en Afrique pour être
venu à bout de la maladie du sommeil; une stèle lui est dédiée.
Le château (XIIème et XVème) a attaché son nom aux six tapisseries de la "Dame à la Licorne" (Musée de Cluny à Paris) vendues, dit-on, pour repaver le champ de foire ! Il appartenait à la famille "de Brosse"; le maréchal de France, Jean de Brosse, fut compagnon de Jeanne d'Arc. George Sand, quand elle faisait découvrir la Creuse à Frédéric Chopin, a dormi dans ce château. Ancienne résidence du sous-préfet, restauré avec patience par son actuel propriétaire, le château abrite une jolie collection de tapisseries anciennes. Outre quelques maisons à tourelles et à bardeaux, la ville située en grande partie sur la commune de Boussac-Bourg possède deux églises jumelles située l'une à côte de l'autre. Notre-Dame (XIème) serait la chapelle d'un prieuré et St Martin (XIIème) serait l'église paroissiale.
La façade de la maison de retraite a conservé, de l'ancien hospice, le très beau portail du XIIIème siècle. Une station de monte des haras nationaux est installée sur la commune.
Les temps changent: soixante ans plus tôt, Johachim Vilate, natif d'Ahun, fut, sous la Terreur, membre du Tribunal révolutionnaire. Il tenta d'échapper à la guillotine en trahissant ses collègues dans un pamphlet écrit au fond de sa prison.
La crypte et le choeur de l'église St Sylvain ont été bâtis au IXème et Xème
siècle. La nef de l'église a été reconstruite au XVIIème; son mobilier est
assez remarquable: boiseries, retable, Pieta, bénitier, etc. Il reste quelques maisons anciennes et des traces de
fossés. La fontaine est classée.
Au milieu du cimetière (route de Paris) se trouve une des cinq lanternes des morts du département. Le château féodal de Bridiers (route de Dun) après des années d'abandon est en cours de restauration. La gare de La Souterraine est la plus importante de la Creuse (100.000 voyageurs par an). Malgré son trafic, la raréfaction des TER et son oubli par le futur train pendulaire risquent de lui porter un coup fatal.
Depuis 1952, l'électricité hydraulique et le tourisme ont donné ses lettres de noblesse à la commune; elle s'appelle désormais Royère-de-Vassivière et elle se veut le premier pôle touristique du département. En général, les gens qui viennent à Royère oublient de monter jusqu'à l'église où ils découvriraient pourtant une chaire de granit, des boiseries du XVIIIème siècle et des tableaux du peintre italien Jean-Dominique Lombardi. Ce qui les intéressent, c'est le lac: 1000 ha, 120 millions de m3 d'eau, 45 km de rivages protégés. L'aménagement touristique est à la hauteur: plusieurs clubs nautiques, 5 plages surveillées, des villages de vacances, des terrains de camping, des gîtes ruraux et des chambres d'hôtes. Sur l'île, située en Haute-Vienne, l'ancien château de Vassivière voisine avec le nouveau centre d'art contemporain et son "phare" conique dont la silhouette est maintenant associée au lac (architecte. Aldo Rossi).
L'église du XIIème est une ancienne chapelle templière récupérée par les Hospitaliers de St Jean à la dissolution de l'ordre; une croix de Malte témoigne de cette époque. Le Bois de la Feuillade cache un château ruiné qui appartenait à la famille d'Aubusson. Un immense dolmen se trouve à Laudorat.
En 1640, le pape offrit au curé de la paroisse une Descente de Croix peinte par Voltera. Ce peintre s'est
rendu célèbre en "rhabillant" les oeuvres dénudées du Vatican ! L'église abrite
également une piéta de petite taille mais remarquable d'émotion. Il y a queques années, le peintre
Nicolas Grescheny a décoré l'église de fresques rappelant le style des icônes des églises
orientales. Jean Beaufret, titulaire de la chaire de philosophie au lycée Condorcet à Paris, spécialiste renommé de Heidegger, est né à Auzances.
Outre un tableau peint sur bois (XVème), "La décollation de sainte Valérie", la salle du trésor expose le buste reliquaire de la sainte en argent doré, orné d'émaux et de pierres fines (XVème) et une pyxide (boîte à hosties) en émaux champlevés du XIIIème. Chambon devrait bientôt faire partie du cercle très fermé des 130 "Plus Beaux Villages de France".
Parmi quelques belles maisons anciennes, l'une d'elles, datée de 1621, possède un très belle porte dont l'écusson rappelle que la ville fut peuplé de marchands au service des ateliers d'Aubusson. L'exclusivité de la fabrication de la tapisserie accordée à Aubusson et Felletin en 1732, entraîna la ruine de Bellegarde. Depuis le site du château et de la chapelle Notre-Dame, on peut apercevoir la chaîne des puys. Bellegarde est le siège de la Confrérie des Mangeurs de Chèvre (fête le 1er dimanche de septembre).
Cette ville, d'un art mondialement reconnu, est aussi étonnement jeune et vivante. Le promeneur remarquera ses jolies maisons anciennes et ses ponts sur la Creuse. S'il est un peu plus curieux, il ira visiter le Musée Jean Lurçat et la Maison du Tapissier. S'il est un peu plus avisé il grimpera les rues jusqu'à l'église Ste Croix (XIIIème) et son école d'orgue réputée. S'il est bon marcheur, il ira voir la Tour de l'Horloge, la Chapelle St Jean, le site du Chapitre où résidaient les vicomtes d'Aubusson.
Les vicomtes d'Aubusson avaient une sépulture dans une chapelle de l'église de Blessac. La chapelle a été
remplacée par le choeur des religieuses d'un monastère aujourd'hui disparu; au dessus de la porte, les armoiries
d'Aubusson témoignent de ce passé.
En 1842, la petite commune de La Borne a été réunie à Blessac. On a découvert une pierre de mesure à grains de l'époque gallo-romaine: c'est un bassin creux, octogonal, au fond incliné, avec un trou d'écoulement. La Borne possède une intéressante chapelle du XVIème siècle située, en fait, sur la commune de St-Michel-de-Veisse. Construite par Charles dAubusson, elle est remarquable par sa décoration: portail double flamboyant, pierres tombales dans le dallage, vitrail de 1522 représentant l'arbre de Jessé, tapisserie du XVIIème reproduisant un vitrail.
Le bois d'Urbe cache un dolmen qui sert de toboggan aux jeunes filles en mal d'épousailles; ses vertus sont si grandes qu'une reproduction du caillou bienfaiteur a été érigée sur le parvis de l'église. La lanterne des morts a été réutilisée comme clocheton de la petite chapelle de la Visitation. Du château des Comtes d'Auvergne, restent deux tours permettant d'imaginer son importance. Les hauteurs du cimetière
ouvrent un large panorama sur le plateau de Millevaches. Les restes des remparts, les petites rues engagent à la
flânerie.
Bénévent abrite la dernière entreprise européenne fabriquant des bardeaux fendus. Les bardeaux sont des plaquettes en bois de châtaignier; ils donnent aux toits qu'ils couvrent cette inimitable couleur argentée qui fait le cachet de nombreux bâtiments et clochers du Limousin, mais aussi d'édifices aussi prestigieux que le Mont Saint Michel.
Ce bourg doit son nom à Pierre de la Chapelle-Taillefer, cardinal mort en 1312. Le roi l'autorisa à construire une collégiale dans son village; il mourut avant d'avoir achevé son oeuvre et fut enterré sous le choeur de l'église. Professeur de droit du pape Clément V, il fut membre du tribunal chargé de juger les Templiers. Contre le roi, il s'efforça de les défendre. Après ce procès, le village ne fut plus troublé que par le passage des pillards à la solde de la France ou de l'Angleterre. Ils auguraient d'une nouvelle guerre; elle allait durer cent ans. Le bourg devint poste frontière, âprement disputé, entre les possessions françaises et anglaises.
L'histoire de Mourioux remonte à "Morioglio" (de nombreux ruisseaux). Le dolmen des "Fades", les mines d'étain de l'époque gallo-romaine, plusieurs puits et fontaines (St Rémy, Villedary) témoignent du riche passé de ce bourg. Quant à l'église fortifiée, elle a été construite au XIVème siècle.
Au carrefour des routes de Pontarion et Bourganeuf, un monument poignant rend hommage aux 32 maquisards de Combeauvert,
massacrés par l'occupant le 9 juin 1944.
La concession des mines de fer et de houille de Bosmoreau-les-Mines s'étendait sur les communes de St Dizier et Thauron. La mine de charbon connue depuis 1765, fermée en 1922 fur rouverte en 1940 et exploitée jusqu'en 1958. L'église, sans ornements, avec un chevet droit, est typique des édifices des Ordres militaires du Moyen-âge.
La richesse du "Berceau de la Tapisserie" est hélas trop méconnue. Le curieux clocher (XVème) de l'église du Moutier (XIIème) domine la ville; témoignages rares, les fresques de l'église ont été réalisées par des lissiers. En flânant dans les rues, le visiteur découvre les maisons du XVème et du XVIème siècle, l'église Notre-Dame du Château (XVème) de style languedocien, la Chapelle Bleue, la Chapelle Blanche, le jardin du cloître, la lanterne des morts du XIIème, ... Le felletinois Philippe Quinault, qu'une fontaine honore, écrivit les paroles de la chanson "Au clair de la lune", mise en musique par J-B. Lully. Chaque année, au mois d'août, le Festival des Folklores de Monde, par ses spectacles de qualité, attire un public enthousiaste.
Crédit photos: Christine et Alain Tixier, enCreuse.com (Faux-la-Montagne),
Ministère de la Culture (Banize, Soubrebost, Chambon-sur-Voueize,
Sardent), Jean-Pierre Larduinat (Chapelle N-D.
de la Borne)
|