Mémoires de Léonard

La lecture des "Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon" de Martin Nadaud nous donne l'occasion, au fil des chapitres, d'évoquer quelques communes de la Creuse. Bien sûr, beaucoup de communes sont citées plusieurs fois dans l'ouvrage; soit que Martin s'y soit rendu, soit qu'il y eût des amis politiques, soit qu'un maçon en fût originaire.

Note: toutes les citations et la pagination sont extraites de la version originale imprimée par A.Duboueix à Bourganeuf en 1895.


"Je naquis le 17 novembre 1815, dans un petit village de l'arrondissement de Bourganeuf, appelé La Martinèche, commune de Soubrebost." (page 1)

Vierge à l'EnfantOutre d'avoir donné naissance au creusois le plus célèbre, la commune doit aussi d'être connue pour sa curieuse "Pierre aux neuf gradins" située entre Perseix et la Martinèche. Les marches de pierre conduisent à deux petits bassins dans lesquels, dit la légende, les druides celtes se livraient à des cérémonies sacrificielles.

Plusieurs fois détruite, l'église actuelle a été reconstruite au XIXème siècle avec des éléments des siècles précédents; elle est édifiée sur une crypte romane. Elle abrite une Vierge à l'Enfant de la fin du XIIIème en cuivre doré incrusté d'émaux de Limoges.

"[...] je ne trouvai plus mon excellent maître à Pontarion; il était allé mourir, je crois, dans les environs de Chénérailles." (page 15)

Depuis le XIIIème siècle, la ville bénéficiait d'une charte de ville franche. Elle entourait un château appartenant aux Comtes de la Marche et totalement détruit au cours des Guerres de Religions. Reconstruit en 1440, il fut ravagé par les flammes en 1455. Il reste encore quelques bouts de remparts et une porte.

Cette époque a laissé à l'église une chapelle seigneuriale (XVème). Le "Tombeau de Barthélémy de la Place" (XIVème) est classé monument historique. Sur ce haut-relief, sculpté dans un seul bloc de calcaire, on peut dénombrer vingt-sept personnages. Les boiseries du choeur (XVIIème) sont dues à Jean Pavillon de Guéret.

Les deuxièmes dimanches de mai et octobre a lieu une foire aux chevaux assez réputée. Il existe d'ailleurs, sur la commune, une station de monte des haras nationaux.

"Mon père qui brûlait du désir de me voir instruire me conduisit un jour à St-Hilaire." (page 19)

Il s'agit ici de Saint-Hilaire-le-Château. Guy de Lusignan, comte de la Marche était seigneur de St-Hilaire. Quel était son château ? Celui de Liège ou de Puy-Chaumeix tous deux détruits ou celui de la Chassagne (XVIème) qui appartint à J-B. de Malleret, député de la noblesse aux Etats Généraux.

Un petit pont romain (roman ?), appelé "Pont Péri", enjambe la Gosne. Le site du Poirier est une charmante chute d'eau sur le Taurion.

"Un instant après, j'arrivais à Pontarion à l'auberge du père Duphot où nous attendaient les camarades qui se dirigeaient avec nous vers Paris [...]" (page 27)

Château de PontarionL'eau du Taurion, serpentant au milieu d'une prairie, sert de miroir au joli château (XVème) de "Pont-Taurion" (fermé au public). A l'époque des Guerres de Religions, la cité et son château furent au coeur des batailles locales entre catholiques et protestants.
La guerre 39-45 a aussi laissé, dans les maquis de cette région, son lot de jeunes gens fauchés par les mitrailleuses ennemies.

Le dallage de l'église est parsemé de pierres tombales de maçons et de tailleurs de pierres; plus qu'ailleurs, sont nés ici, les Maçons de la Creuse (voir aussi "Les Moissons délaissées" de Jean-Guy Soumy, Ed. Robert Laffont).

"Au dessus de Sardent, nous nous engageâmes dans des chemins de traverse; car, à ce moment, la route de Sardent à Guéret n'existait pas encore." (page 27)

Bras reliquaire de St Pardoux C'est là qu'est né, en 657, le petit Pardulphe qui allait devenir le grand Saint Pardoux auquel rendent hommage, partout dans le Limousin, tant de chapelles, de villages ou de lacs. Rendu aveugle par un éclair, il fonda un monastère à Guéret où il mouru en retrouvant la vue. Tous les sept ans depuis dix siècles, quand le rituel des ostensions anime tout le Limousin, ici même, le jour de Pentecôte, une foule de croyants vient rendre hommage au petit Pardulphe.

L'église est dédiée à Saint Martin. Saint Pardoux n'a droit qu'à une chapelle. Le trésor de l'église, (Chasse de Saint Etienne, Bras Reliquaire de Saint Pardoux, Ostensoir, Croix à double branche) a quitté Sardent pour le Musée de Guéret.

Héros du film "Le Beau Serge", les gens d'ici en ont longtemps voulu à Claude Chabrol, qu'ils avaient hébergé pendant la guerre, de les avoir méchamment caricaturés.

"Au delà de St-Christophe, nous entrâmes dans la forêt de Guéret." (page 27)

Forêt de ChabrièresLa forêt de Chabrières s'étend sur plusieurs communes du sud de Guéret.  Elle offre au promeneur ses chemins, ses chaos granitiques, ses restes néolithiques, ses ruines gallo-romaines (Puy de Gaudy) et, maintenant, son parc à loups.

L'église de St Christophe (XVème) est laissée à l'abandon depuis que la paroisse a été jointe à celle de la Chapelle-Taillefert. Dans le bois de Monismes, se trouve une statue appelée "Le Marmot"; elle daterait de l'époque gallo-romaine.

"Vers 11 heures nous arrivâmes à Guéret un peu fatigués et éclopés, mais nous sentions le but, et nous allâmes déjeuner chez le père Gerbeau [...]" (page 28).

Hôtel des MoneyrouxMusée de la SénatorerieDans le "Chaminadour" de Marcel Jouhandaud, en quittant la place Bonnyaud, où tout la ville converge, il faut visiter l'Hôtel des Moneyroux (aussi appelé, à tord, Château des Comtes de la Marche), actuellement siège du Conseil Général, l'Hôtel de Ville qui, bâti en pierres de taille, témoigne du savoir-faire de nos maçons, le Musée du Présidial consacré à la Creuse traditionnelle, et, toute proche, la cathédrale St Pierre-St Paul enclavée dans les vieilles maisons du quartier St Pardoux.

Dans son superbe jardin, le Musée de la Sénatorerie cache des collections exceptionnelles dont la richesse est trop méconnue: peinture, (Ingres, Sisley, ...), tapisseries anciennes, sculptures, orfèvrerie médiévale, archéologie départementale, mobilier, ...

"Nous arrivâmes à la nuit tombante à Genouillat, où mon père avait fait préparer le souper à l'auberge du boulanger Meillant [...]" (page 29)

Viaduc de GenouillacPoste frontière entre le Berry et la Marche, limite culturelle entre la langue d'oïe et la langue d'oc, Genouillat au nord de la Petite Creuse et Genouillac au sud. Aujourd'hui, la commune a définitivement choisi la langue latine et sa terminaison en "ac"!

Genouillac possédait un château entouré de fossés qui contrôlait ce poste frontière important entre les terres des rois de France et d'Angleterre; les guerres successives en ont fait disparaître toutes traces.

Fer à hosties (coll. privée)L'église date de la fin du XIIIème; des chapelles ont été ajoutées au XVème; il reste des traces fortifications et l'abside est moderne. Dans le mobilier, il faut noter un curieux objet en forme de pince géante; c'est un fer à hosties datant du XIIème siècle.

Le viaduc abandonné de la ligne déclassée "Guéret-La Châtre" déploie ses seize arches de granit au dessus de la vallée de la Petite Creuse.

"[...] il était venu par la route de Jarnages, un nombre considérable d'émigrants se rendant comme nous à Paris." (page 29)

PuitsPortailLe puits du XVIème qui orne la place principale est classé "monument historique". Surmonté d'un treuil en fer forgé, c'est un puits mégalithique, taillé dans un seul bloc de granit de plus d'un mètre de diamètre.

Au fond de la place, l'église du XIIème, dédiée à St Michel, est en tous points remarquable. La nef donne l'impression d'avoir été tronquée de quelques travées. La croisée des transepts est surmontée d'un clocher massif à la mode des abbayes cisterciennes.
Le portail ouest est entouré de colonnettes; la frise est, hélas, un peu abîmée. Daté du XIVème siècle, il provient de l'abbaye des Ternes, près de Pionnat.

Outre un mobilier très intéressant (bénitiers, tableaux, ...), L'église possède de magnifiques chapiteaux romans représentant des feuillages et des dessins géométriques.

"[...] il y allait de notre intérêt de hâter notre dîner et de poursuivre à deux lieux de là, à Bordesoulle, notre route [...]" (page 29)

Bordesoulle appartient à la commune de Nouziers; il y avait là une auberge sur la route menant à "Nouhant où se trouvait la belle habitation de Mme Georges Sand".

L'église romane du XIème fut un prieuré templier dépendant de la commanderie de la Forêt du Temple, toute proche. Le portail possède un tympan, ce qui est très rare en Creuse. Quelques belles sculptures ne manquent pas d'intérêt: modillons, bénitier, ...

L'immense forêt qui faisait la richesse des Templiers s'est réduite à la forêt de Fonteny qui occupe, quand même, une grande partie de la commune et déborde sur l'Indre.

"C'était Laurent Luquet de Planet, commune de St-Alpinien, dont je vais avoir à parler souvent dans cette esquisse de ma vie d'ouvrier." (page 54)

La commune est située sur le passage de la voie romaine reliant Clermont à Limoges.

L'objet le plus curieux de cette commune est une croix en granit du XVIIème; une guirlande de feuillages est sculptée sur le fût.

Au hameau de la Noneix, il devient assez difficile de deviner les traces d'un château en ruines.

"[...] j'allai emprunter soixante francs à un de mes oncles, Chopinaud, du Masbarreau." (page 79)

Au fil du temps et au gré des chemins menant à Bourganeuf, le "Mas-Barreau" est devenu le bourg le plus important de Mérignat, donnant naissance à "Masbaraud-Mérignat". C'est dans une ferme de cette commune qu'est né Raymond Poulidor.
Sur la rive gauche du Taurion, la belle forêt de Mérignat s'étend sur près de 200 ha. Le château de Mérignat fut pendant quelques années transformé en monastère.

"[...] j'avais pour garçon un nommé Berbet de Vallière [...] (page 83)

Sur la place principale la fontaine est surmonté du buste de Pierre d'Aubusson surnommé le "bouclier de la chrétienté" après son combat contre les musulmans pour défendre Rhodes. Il fut nommé cardinal et élu grand maître de l'Ordre des Hospitaliers de St Jean.

"On avait baptisé du nom de Brulas, les ouvriers qui étaient originaires des environs de la Souterraine, du Grand-Bourg et de Dun, et de Bigaros, ceux qui venaient du voisinage de Vallière, St-Sulpice-les-Champs, St-Georges et Pontarion." (page 94)

Place du MarchéC'est l'ermite St Léobon qui, en fuyant Fursac, donna naissance au bourg, en périphérie de la seigneurie de Salagnac; à sa mort, son tombeau devint un lieu de pèlerinage, sur la route de Compostelle.

Le visiteur découvrira ici une de ces vastes églises gothiques si rares (hors Chénérailles, Aubusson et quelques autres) dans notre Creuse romane. Elle contient, entre autres, une croix reliquaire, dite de St Léobon, et un bas-relief représentant une vierge auvergnate. Deux belles chapelles du XVIème siècle viennent s'ajouter à la croix latine. Le pourtour de l'édifice est parsemé d'enfeus, de sarcophages, de cippes et d'urnes funéraires. On y remarquera un curieux monument quelques fois appelé "pierre à prêcher" mais qui serait plutôt une fontaine gallo-romaine.

"En première ligne, nous placerons Duphot, de la commune de Banize." (page 110)

Chasse émailléeSituée au confluent du Taurion et de la Banize, la commune possède une intéressante petite église du XIVème en cours de restauration. Il est étonnant de trouver ici autant de motifs sculptés plus ou moins élaborés: chapiteaux, culots, frises.
Dans le mobilier, il reste une Pieta en bois du XVIème siècle; la chasse, en émaux champlevés du XIIIéme, est exposé au musée de Guéret.

Au village de Baubiat, il existait un prieuré dépendant du monastère d'Ahun.

"[...] mon père alla trouver un de ses plus intimes amis, Colas, de Buze, de la commune de St-Pardoux-Lavaud [...]" (page 133)

Les anciennes communes de St Pardoux-Lavaud et Morterolles ont fusionné il y a quelques années pour donner naissance à Saint Pardoux-Morterolles.

L'église de St Pardoux possède un joli clocher en gothique flamboyant du XVème siècle et une chapelle seigneuriale du XIIIème. L'église de Morterolles, totalement reconstruite au XIXème, dépendait de la commanderie de St Jean de Jérusalem à Bourganeuf.

Le site des cascades d'Augerolles sur le Tourtoulloux mérite une petite promenade.

"C'est cette même année 1836, que je commençai à me faire des amis politiques dans notre ville de Bourganeuf." (page 140)

Hôtel de VilleLa très belle église St Jean, le corps de bâtiment de l'Hôtel de Ville, la Tour Lastic et la Tour de Zizim, prince "hôte" des Hospitaliers, permettent de se rendre compte de l'importance de la commanderie de Malte qui fut du XVème au XVIIIème siècle, le siège du Grand Prieuré de la Langue d'Auvergne sous le règne de Pierre d'Aubusson et de ses successeurs. De nombreuses chapelles parsèment la ville et ses environs (Notre-Dame du Puy, Pénitents blancs, ...).

L'ancienne sous-préfecture fut une ville industrielle importante: mine de charbon, usine de porcelaine, papeteries, fabrique de meubles, etc. Le Musée de l'Electricité rappelle qu'en 1886, la cité fut la première au monde à être éclairée par l'électricité produite à la Cascade des Jarraux (commune de Saint Martin-Château) située à 15 kilomètres plus au sud . La gare n'a plus plus pour voyageurs que les troncs de mélèze et de douglas descendus du "haut-pays".

"A la sortie du Monteil-au-Vicomte, je m'égarai et je devais errer pendant sept heures [...]" (page 165)

Rigole du DiableC'est dans une auberge du Monteil-au-Vicomte que Martin Nadaud croisa le regard de la jeune fille qui allait devenir sa femme.

Ici naquit Pierre d'Aubusson, cardinal et grand maître de l'Ordre des Hospitaliers. Le château natal, qui a valu son nom à la localité, se réduit à un donjon en ruines. Les armes du "bouclier de la chrétienté" sont gravées sur une des clés de voûte de la chapelle nord de l'église dédiée à St-Pierre-de-Vérone (XIVème).

Le décors sauvage d'un amoncellement de rochers, au milieu desquels coule le Taurion naissant, compose le site très fréquenté de la "Rigole du Diable".

"Il me donna pour coterie d'échafaud, un des meilleurs maçons de Paris, l'aîné Maffrand, de Saint-Georges-la Pouge." (page 237)

La commune possède quelques sites intéressants. Le Château-Lavaud (XVème), fief du Vicomté de St Georges est, hélas, à l'état de ruines. Un lion de granit continue son sommeil séculaire devant le beau portail de l'église. A signaler également un des derniers "arbre de Sully" ainsi qu'une fontaine couverte d'origine gallo-romaine et les restes d'un pont roman au Puy du Chalard.

"Il y avait là une vingtaine de jeunes gens, appartenant au canton de Pontarion ou à celui de St-Sulpice-les-Champs [...]" (page 238)

C'est dans cette commune que naquit le truculent Dr Jamot, unanimement vénéré en Afrique pour être venu à bout de la maladie du sommeil; une stèle lui est dédiée.
La commanderie hospitalière de Chambéraud possédait sur cette commune une chapelle et un moulin.
Le Musée de Guéret conserve une statue de Mercure découverte au hameau d'Ahys.

"Pierre Leroux, établi comme imprimeur, ne s'endormait pas; il nous adressait régulièrement de Boussac (Creuse) sa Revue Sociale [...]" (page 290)

Dame à la Licorne; l'ouïePour se rapprocher de George Sand, le philosophe Pierre Leroux s'installa comme imprimeur à Boussac en 1843 où il créa la "Revue Sociale".

Le château (XIIème et XVème) a attaché son nom aux six tapisseries de la "Dame à la Licorne" (Musée de Cluny à Paris) vendues, dit-on, pour repaver le champ de foire ! Il appartenait à la famille "de Brosse"; le maréchal de France, Jean de Brosse, fut compagnon de Jeanne d'Arc.

George Sand, quand elle faisait découvrir la Creuse à Frédéric Chopin, a dormi dans ce château. Ancienne résidence du sous-préfet, restauré avec patience par son actuel propriétaire, le château abrite une jolie collection de tapisseries anciennes.

Outre quelques maisons à tourelles et à bardeaux, la ville située en grande partie sur la commune de Boussac-Bourg possède deux églises jumelles située l'une à côte de l'autre. Notre-Dame (XIème) serait la chapelle d'un prieuré et St Martin (XIIème) serait l'église paroissiale.

"Un seul parmi mes correspondants nous était supérieur à nous tous par son style et la tournure de ses phrases, c'était un ouvrier tailleur de Dun-le-Palleteau, nommé Merle." (page 325)

Maison de retraiteD'aucuns disent que Dun-le-Palletot aurait hérité ce nom d'une fabrique de vêtement. Il s'agit plus vraissemblablement d'une déformation médiéval du nom d'origine. Redevenu "Dun-le-Palestel" depuis 1952, le bourg très vivant (foire, marchés, prix cycliste, concerts, comice agricole, kermesse) a été plusieurs fois récompensé pour son fleurissement.

La façade de la maison de retraite a conservé, de l'ancien hospice, le très beau portail du XIIIème siècle. Une station de monte des haras nationaux est installée sur la commune.

"Il y avait à Ahun un réactionnaire qui criait beaucoup plus fort que les autres." (page 326)

Les temps changent: soixante ans plus tôt, Johachim Vilate, natif d'Ahun, fut, sous la Terreur, membre du Tribunal révolutionnaire. Il tenta d'échapper à la guillotine en trahissant ses collègues dans un pamphlet écrit au fond de sa prison.

Viaduc de BusseauAhun partage avec Pionnat, le viaduc de Busseau construit sous la direction de l'ingénieur en chef Nordling et sous celle de l'ingénieur LLyod; il ne doit rien à Gustave Eiffel comme on le croit trop souvent.
Acitodunum était le coeur de la Creuse romaine, au carrefour des voies menant de Aquae Nerii (Néris-les-Bains) à Augustoricum (Limoges), de Burdigala (Bordeaux) à Avaricum (Bourges), de Lugdunum (Lyon) à Mediolanum-Santonum (Saintes) en passant par Praetorium (St Goussaud).

La crypte et le choeur de l'église St Sylvain ont été bâtis au IXème et Xème siècle. La nef de l'église a été reconstruite au XVIIème; son mobilier est assez remarquable: boiseries, retable, Pieta, bénitier, etc. Il reste quelques maisons anciennes et des traces de fossés. La fontaine est classée.

"A la Souterraine, il y avait aussi un noyau de bons et sérieux républicains, qui, avec Léon Duché, Martial Châtenet, Léo Montaudon soutinrent avec énergie, ma candidature." (page 326)

Porte de Puy CharraudLa "vieille ville" a gardé le souvenir de ses remparts avec sa "Porte St Jean", sa "Porte de Puy-Charraud", ses jolies maisons anciennes, son église du XIIème et surtout sa crypte préromane qui a donné son nom à la localité.

Au milieu du cimetière (route de Paris) se trouve une des cinq lanternes des morts du département.

Le château féodal de Bridiers (route de Dun) après des années d'abandon est en cours de restauration.

La gare de La Souterraine est la plus importante de la Creuse (100.000 voyageurs par an). Malgré son trafic, la raréfaction des TER et son oubli par le futur train pendulaire risquent de lui porter un coup fatal.

"Parmi les plus zélés, il y avait le docteur Canalon à Royère, qui attaquait hardiment la bande réactionnaire de sa localité." (page 327)

Depuis 1952, l'électricité hydraulique et le tourisme ont donné ses lettres de noblesse à la commune; elle s'appelle désormais Royère-de-Vassivière et elle se veut le premier pôle touristique du département.

En général, les gens qui viennent à Royère oublient de monter jusqu'à l'église où ils découvriraient pourtant une chaire de granit, des boiseries du XVIIIème siècle et des tableaux du peintre italien Jean-Dominique Lombardi.

Ce qui les intéressent, c'est le lac: 1000 ha, 120 millions de m3 d'eau, 45 km de rivages protégés. L'aménagement touristique est à la hauteur: plusieurs clubs nautiques, 5 plages surveillées, des villages de vacances, des terrains de camping, des gîtes ruraux et des chambres d'hôtes. Sur l'île, située en Haute-Vienne, l'ancien château de Vassivière voisine avec le nouveau centre d'art contemporain et son "phare" conique dont la silhouette est maintenant associée au lac (architecte. Aldo Rossi).

Eglise
Ile de Vassiviere
Centre d'art contemporain

"[...] Pourthier de Faux-la-Montagne qui se montra si résolu, si énergique, [...]" (page 327)

Lac de Faux-la-MontagneLe barrage à voûtes multiples retenant le lac de Faux est un ouvrage unique en France, impressionnant de légèreté. Un peu plus loin, à la limite de La Corrèze, le Lac du Chamet dans son écrin de verdure, moins touristique que Vassivière, mérite largement le détour.

L'église du XIIème est une ancienne chapelle templière récupérée par les Hospitaliers de St Jean à la dissolution de l'ordre; une croix de Malte témoigne de cette époque. Le Bois de la Feuillade cache un château ruiné qui appartenait à la famille d'Aubusson. Un immense dolmen se trouve à Laudorat.

"[...] Morel et le docteur Mazeron à Auzances, qui pendant tout le cours de leur vie soutinrent énergiquement la République [...]" (page 327)

En 1640, le pape offrit au curé de la paroisse une Descente de Croix peinte par Voltera. Ce peintre s'est rendu célèbre en "rhabillant" les oeuvres dénudées du Vatican ! L'église abrite également une piéta de petite taille mais remarquable d'émotion. Il y a queques années, le peintre Nicolas Grescheny a décoré l'église de fresques rappelant le style des icônes des églises orientales.
La place est dominée par une maison bourgeoise du XVIIème avec deux tourelles carrées.

Jean Beaufret, titulaire de la chaire de philosophie au lycée Condorcet à Paris, spécialiste renommé de Heidegger, est né à Auzances.

"[...] à Chambon, le brave et digne Aubergier qui a laissé de si vifs regrets parmi la population [...]" (page 327)

Pont romanLa ville avec sa vaste abbatiale, ses ponts, ses maisons anciennes a prospéré autour d'un abbaye bénédictine établie là depuis 807 au confluent de la Voueize et de la Tarde. "Le pays est adorable, la ville bien située" (George Sand).

La remarquable collégiale Ste-Valérie (XIIème) est l'un des plus beaux édifices romans du Limousin. Elle possède deux magnifiques clochers, l'un domine le choeur, l'autre massif et fortifié est un clocher-porche (Tour des Bourgeois). Le choeur est meublé de stalles de chêne du XVIIème siècle.

Outre un tableau peint sur bois (XVème), "La décollation de sainte Valérie", la salle du trésor expose le buste reliquaire de la sainte en argent doré, orné d'émaux et de pierres fines (XVème) et une pyxide (boîte à hosties) en émaux champlevés du XIIIème.

Chambon devrait bientôt faire partie du cercle très fermé des 130 "Plus Beaux Villages de France".

"[...] à Bellegarde, le jeune Lavet, homme résolu [...]" (page 327)

Tour de l'horlogeBellegarde-en-Marche était la capitale du pays de "Franc-Alleu" (exonéré d'impôts). Outre le bourg, il n'y a pas d'autres villages sur cette commune. Les fortifications sont maintenant réduites à la belle Tour de l'Horloge couverte de bardeaux.

Parmi quelques belles maisons anciennes, l'une d'elles, datée de 1621, possède un très belle porte dont l'écusson rappelle que la ville fut peuplé de marchands au service des ateliers d'Aubusson. L'exclusivité de la fabrication de la tapisserie accordée à Aubusson et Felletin en 1732, entraîna la ruine de Bellegarde. Depuis le site du château et de la chapelle Notre-Dame, on peut apercevoir la chaîne des puys.

Bellegarde est le siège de la Confrérie des Mangeurs de Chèvre (fête le 1er dimanche de septembre).

"Le docteur Delavallade, vieux chirurgien militaire [...] avait une très grande réputation dans la ville d'Aubusson où il était très respecté." (page 327)

Cette ville, d'un art mondialement reconnu, est aussi étonnement jeune et vivante. Le promeneur remarquera ses jolies maisons anciennes et ses ponts sur la Creuse. S'il est un peu plus curieux, il ira visiter le Musée Jean Lurçat et la Maison du Tapissier. S'il est un peu plus avisé il grimpera les rues jusqu'à l'église Ste Croix (XIIIème) et son école d'orgue réputée. S'il est bon marcheur, il ira voir la Tour de l'Horloge, la Chapelle St Jean, le site du Chapitre où résidaient les vicomtes d'Aubusson.

Place de la Libération
Place du Gal Espagne
Tour de l'Horloge

"[...] Martignon à Blessac, les trois frères Solignac à Crocq qui étaient en lutte avec la grande famille Cornudet." (page 327)

Les vicomtes d'Aubusson avaient une sépulture dans une chapelle de l'église de Blessac. La chapelle a été remplacée par le choeur des religieuses d'un monastère aujourd'hui disparu; au dessus de la porte, les armoiries d'Aubusson témoignent de ce passé.
La vie du monastère était assez agitée. Les «assemblées illicites, port d’armes, battements, ravissements, homicides, menaces, assauts, invasions, malversations, dissolutions, vie lubrique, scandales et autres cas et maléfices» inquiétèrent la hiérarchie religieuse qui, en 1530, obtint une "enquête instituée par les visiteurs de l'ordre de Fontevrault sur les déportements du prieur et de la prieure de Blessac, Jean et Françoise d'Aubusson" (Archives Auguste Bosvieux, 1862).
Quant à Charles d’Aubusson, baron de la Borne, il fut décapité en 1533 pour meurtres, viols et autres violences.

Chapelle Notre-Dame de la BorneLe château de Blessac (XVIIème), joliment situé au bord d'un étang, faisait partie des bâtiments d'un prieuré, sans doute lié au couvent des religieuses.

En 1842, la petite commune de La Borne a été réunie à Blessac. On a découvert une pierre de mesure à grains de l'époque gallo-romaine: c'est un bassin creux, octogonal, au fond incliné, avec un trou d'écoulement. La Borne possède une intéressante chapelle du XVIème siècle située, en fait, sur la commune de St-Michel-de-Veisse. Construite par Charles d’Aubusson, elle est remarquable par sa décoration: portail double flamboyant, pierres tombales dans le dallage, vitrail de 1522 représentant l'arbre de Jessé, tapisserie du XVIIème reproduisant un vitrail.


Lanterne de CrocqLe XVIème siècle a marqué Crocq de son empreinte. En 1572, Crocq devint une place forte de la Réforme. Montaigne y séjourna en 1581. Et, en 1592, le soulèvement des paysans donna naissance à la révolte des croquants.

Le bois d'Urbe cache un dolmen qui sert de toboggan aux jeunes filles en mal d'épousailles; ses vertus sont si grandes qu'une reproduction du caillou bienfaiteur a été érigée sur le parvis de l'église.

La lanterne des morts a été réutilisée comme clocheton de la petite chapelle de la Visitation.

Du château des Comtes d'Auvergne, restent deux tours permettant d'imaginer son importance. Les hauteurs du cimetière ouvrent un large panorama sur le plateau de Millevaches. Les restes des remparts, les petites rues engagent à la flânerie.

"Jabely et Lacroix, à Bénévent, qui se donnèrent beaucoup de peine pour implanter l'idée républicaine dans cette ville [...]" (page 327)

Chef d'oeuvre de l'art roman limousin, l'église abbatiale du XIIème est une étape obligée dans la visite de la Creuse. La dureté du granit n'a pas rebuté les artistes qui ont ciselé trente-huit chapiteaux merveilleusement inspirés. De l'abbaye, il reste deux bâtiments remaniés au XVIIème siècle et une jolie fontaine près de l'Office de Tourisme.

Bénévent abrite la dernière entreprise européenne fabriquant des bardeaux fendus. Les bardeaux sont des plaquettes en bois de châtaignier; ils donnent aux toits qu'ils couvrent cette inimitable couleur argentée qui fait le cachet de nombreux bâtiments et clochers du Limousin, mais aussi d'édifices aussi prestigieux que le Mont Saint Michel.

L'instituteur de la Chapelle-Taillefert, Villard, le père de notre sénateur d'aujourd'hui [...]" (page 327)

Ce bourg doit son nom à Pierre de la Chapelle-Taillefer, cardinal mort en 1312. Le roi l'autorisa à construire une collégiale dans son village; il mourut avant d'avoir achevé son oeuvre et fut enterré sous le choeur de l'église. Professeur de droit du pape Clément V, il fut membre du tribunal chargé de juger les Templiers. Contre le roi, il s'efforça de les défendre.

Après ce procès, le village ne fut plus troublé que par le passage des pillards à la solde de la France ou de l'Angleterre. Ils auguraient d'une nouvelle guerre; elle allait durer cent ans. Le bourg devint poste frontière, âprement disputé, entre les possessions françaises et anglaises.

"Subitement, je pris un voiture, j'ordonnai de me conduire avec mon secrétaire, Camille Barrère, à la gare de Vieilleville où j'avais l'intention de prendre le train." (page 408)

Gare de ViellevilleLa "Vela Villa" romaine a donné naissance au bourg de Vieilleville qui s'est développé avec l'activité de la gare située à la jonction de la ligne Bordeaux-Genève et de l'embranchement de Bourganeuf. Du coup, le bourg est devenu beaucoup plus important que Mourioux, pourtant chef-lieu de la commune.

L'histoire de Mourioux remonte à "Morioglio" (de nombreux ruisseaux). Le dolmen des "Fades", les mines d'étain de l'époque gallo-romaine, plusieurs puits et fontaines (St Rémy, Villedary) témoignent du riche passé de ce bourg. Quant à l'église fortifiée, elle a été construite au XIVème siècle.

"Un accident de voiture me retint alité pendant cinq jours à Janaillat [...]" (page 408)

Au carrefour des routes de Pontarion et Bourganeuf, un monument poignant rend hommage aux 32 maquisards de Combeauvert, massacrés par l'occupant le 9 juin 1944.
Au village du Souliers, la forteresse construite par Jean de l'Hermite a été complètement détruite. C'est là que naquit le poète Tristan François de l'Hermite.
Quant au château du Bois de l'Hermite, il a été rasé par les anglais pendant la guerre de Cent ans.

"J'avais alors pour ami intime, le maire de Bosmoreau, Durand" (page 432)

La concession des mines de fer et de houille de Bosmoreau-les-Mines s'étendait sur les communes de St Dizier et Thauron. La mine de charbon connue depuis 1765, fermée en 1922 fur rouverte en 1940 et exploitée jusqu'en 1958. L'église, sans ornements, avec un chevet droit, est typique des édifices des Ordres militaires du Moyen-âge.

"J'ai également été assez heureux de faire voter par la Chambre des députés, la ligne de Bourganeuf à Felletin [...]" (page 433)

Place QuinaultMartin quitta la Chambre, le chemin de fer ne fut jamais construit. Toutefois, Felletin garde vivante la mémoire des Maçons de la Creuse avec l'Ecole Nationale des Métiers du Bâtiment.

La richesse du "Berceau de la Tapisserie" est hélas trop méconnue. Le curieux clocher (XVème) de l'église du Moutier (XIIème) domine la ville; témoignages rares, les fresques de l'église ont été réalisées par des lissiers.

En flânant dans les rues, le visiteur découvre les maisons du XVème et du XVIème siècle, l'église Notre-Dame du Château (XVème) de style languedocien, la Chapelle Bleue, la Chapelle Blanche, le jardin du cloître, la lanterne des morts du XIIème, ... Le felletinois Philippe Quinault, qu'une fontaine honore, écrivit les paroles de la chanson "Au clair de la lune", mise en musique par J-B. Lully.

Chaque année, au mois d'août, le Festival des Folklores de Monde, par ses spectacles de qualité, attire un public enthousiaste.


encreuse.com
2-jan-06

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Rédaction:
Alain Tixier
(août 2001 - août 2002)


Crédit photos: Christine et Alain Tixier, enCreuse.com (Faux-la-Montagne), Ministère de la Culture (Banize, Soubrebost, Chambon-sur-Voueize, Sardent), Jean-Pierre Larduinat (Chapelle N-D. de la Borne)