Le 17 juin 2004, la Pomme du Limousin est la première pomme de France à obtenir l'AOC.
Le terroir limousin, le climat particulier fait de journées ensoleillées et de nuits
fraîches, l'altitude des vergers (entre 300 et 500 mètres), des techniques de culture raisonnée
confèrent à cette variété de Golden une texture et un goût inimitables et de belles
joues roses.
L'aire géographique
de la Pomme du Limousin s'étend sur cent communes (J.O. du 28 février 2004) réparties
sur les départements de la Dordogne (20) , de la Haute-Viennne (29), de la Corrèze (39) et de la Creuse
(12).
Plus
modestement, notre dégustation se limitera aux vergers de Creuse. Voilà donc le prétexte à
une petite pommes...nade gourmande dans les douzes communes du département pouvant revendiquer l'AOC
"Pomme du Limousin".
Pour en savoir plus sur la culture, la cueillette, la conservation, la commercialisation, consultez sur le site
officiel de la Pomme du Limousin.
Nous parcourerons notre balade en spirale, comme une pomme qu'on épluche; en commençant
par le sud, puis remontant au nord, notr circuit reprendra à l'est pour se terminer au centre du département.
Montboucher:
GAEC de Fontloup
Notre périple commence donc dans le canton de Bourganeuf. Selon André Lecler,
le nom de Montboucher serait une déformation de Mont Eucher (saint Eucher est le patron de la paroisse).
La paroisse dépendait de la commanderie hospitalière de Bourganeuf.
L'église actuelle a été
construite au XIXème siècle dans un style néo-gothique. Elle possède une
Pieta du XVIème qui provient certainement de l'église d'origne toute comme la cloche de
la mairie. Classée au répertoire des monuments historique, cette cloche est datée également
du XVIème; elle est dédiée à St Michel ainsi qu'en attestent les mentions
en relief placées autour du cerveau.
Jusqu'à la Révolution, le village de Magnac fut un prieuré. Parmi les prieurs figurent Pierre
d'Aubusson (1624), Barthélémy d'Aubusson (1731), Marc-Antoine Aubusson-Carvalet (1787),
ce qui montre, toute l'influence de la famille du Grand Maître Pierre d'Aubusson sur cette vallée du
Taurion et bien au delà (un cardinal, quatre évêques, deux maréchaux de France et
de multiples barons, vicomtes et autres seigneurs !). Décédé le 13 juillet 1503, le "bouclier
de la chrétienté" est né en 1423 au Monteil-au-Vicomte;
il fut nommé cardinal en 1475, puis "grand prieur" d'Auvergne et Grand Maître de l'Ordre
des Hospitaliers de St Jean en 1476; en 1480, il défendit brillamment Rhodes contre les Turcs.
Un autre prieuré (St Martial-Ste Valérie) était situé au village de Védrénas;
il était rattaché à l'abbaye St Martial de Limoges.
Saint-Pierre-Chérignat
Un peu plus à l'ouest, la commune de St Pierre-Chérignat est limitrophe avec la Haute-Vienne.
Elle domine la Vallée du Taurion et le lac formé par le barrage de l'Etroit.
Les piliers de l'église (XIIIème-XVème) sont ornés
d'écussons. La chapelle St Gabriel était dotée par le seigneur du lieu. En 1562, c'était
Jeanne d'Aubusson, fille de Charles d'Aubusson baron de la Borne (St
Michel-de-Veisse) qui fut décapité en 1533 pour meurtres, viols et autres violences.
Outre la vallée encaissée du Taurion, toute proche (GR.4), l'immense Forêt
de Mérignat attend les promeneurs; elle faisait partie des biens du Grand Prieuré d'Auvergne.
Marsac
Remontons maintenant vers Marsac.
Ce charmant bourg est un village-rue qui s'ordonne le long de l'avenue du Limousin remontant de la gare jusqu'à
l'église du XIIème plusieurs fois remaniée. L'édifice a cependant conservé
son beau porche roman à colonnettes. Le pavage du sol recèle une tombe de prêtre au pied d'une
vasque d'origine gallo-romaine.
Une belle promenade a été aménagée
le long de l'Ardour. Le flâneur y découvre une charmante rivière cascadant sur les rochers dans
des flaques de soleil dessinées par l'ombre des arbres.
Au village de Malval, existait une commanderie de Malte; elle servait de halte sur la route de Compostelle menant
de Bénévent-l'Abbaye à St-Goussaud.
Le 30 novembre, une procession parcourt encore la colline autour de la jolie chapelle des Rorgues, jusqu'à
la fontaine St André dont l'eau, réputée miraculeuse, redonne la vue aux malvoyants.
Les Rorgues, mais aussi les villages du Rhet et de la Gasne, possèdent encore un de ces lavoirs où
nos grand-mères ont battu et tordu les lourds draps de toile écrue.
Bénévent-l'Abbaye:
Les Vergers du Grand-Murat
L'abbatiale
de Bénévent constitue avec celle de Chambon-sur-Voueize,
à l'autre bout du département, un des hauts-lieu de l'art
roman en Creuse. Sa remarquable unité de style (à peine abîmée
par Violet-le-Duc !) s'explique par le fait qu'elle fut construite en quelques
années (1120-1130). Toutes les proportions, des travées
aux voûtes, sont basées sur le nombre d'or (1,618) cher
aux constructeurs médiévaux.
Le portail polylobé d'inspiration mauresque a été inspiré par les pèlerins revenus
des croisades. Les trente-huit chapiteaux de granit constituent une remarquable lithographie (au sens exact du
mot). De l'abbaye, il reste deux bâtiments remaniés au XVIIème siècle
et une jolie fontaine près de l'Office de Tourisme.
Depuis toujours, Bénévent est une étape sur la via lemovicencis vers Saint-Jacques-de-Compostelle
(route venant de Vezelay et traversant le Limousin).
Bénévent abrite la dernière entreprise européenne fabriquant des bardeaux fendus. Ces
plaquettes en bois de châtaignier donnent aux toits qu'ils couvrent cette inimitable couleur argentée
qui fait le cachet de nombreux clochers du Limousin, mais aussi d'édifices aussi prestigieux que le Mont
Saint Michel.
Le Grand-Bourg: Vergers
de Boussiroux
C'est
l'ermite St Léobon qui, en fuyant Fursac, donna naissance au bourg, en périphérie de la seigneurie
de Salagnac; à sa mort, son tombeau devint un lieu de pèlerinage, sur la route de Compostelle.
Le visiteur découvrira ici une de ces vastes églises gothiques si rares (hors Chénérailles, Aubusson, Felletin
et quelques autres) dans notre Creuse romane. Elle contient, entre autres, une croix reliquaire, dite de St
Léobon, et un bas-relief représentant une vierge auvergnate. Deux belles chapelles du XVIème
siècle viennent s'ajouter à la croix latine. Le pourtour de l'édifice est parsemé d'enfeus,
de sarcophages, de cippes et d'urnes funéraires. Faisant face à la Place des Tilleuls, le curieux
monument avec son "escalier" serait une pièce d'une fontaine gallo-romaine d'où l'eau descendait
en cascadant sur les marches incurvées.
Saint-Agnant-de-Versillat:
Domaine du Marchat
Saint
Agnant fait partie des cinq communes de Creuse disposant d'une lanterne
des morts. Ces étranges monuments sont des petites tours plantées au milieu des cimetières
limousins. Une poulie permettait de monter un fanal jusqu'aux ouvertures du sommet. L'usage en est très controversé:
honneur aux défunts, signal de décès, phare dans la nuit ? Allez donc savoir ...
La lanterne de Saint Agnand est située tout en haut du cimetière. Elle domine les tombes recouvertes
de leurs serres en verre cathédrale, si typiques des cimetières de cette région de la Creuse.
L'église romane à voûte ogivale possède un beau tabernacle en bois doré du XVIIème
siècle. Elle constitue une étape sur la route historique de Compostelle.
Saint-Germain-Beaupré:
Vergers Edelmann-Escure (Lorioux)
La
puissante famille Foucault dont la présence à St-Germain-Beaupré est attesté depuis
le XIème siècle a longtemps régné en maître sur la région. Guillaume
ramena le corps de St Louis de la croisade, Jacques fut lieutenant de la garde écossaise d'Henri II. Protestant
avec Henri de Navarre, catholique avec Henri IV, Gabriel II ("le Tyran") reçut le roi au
château en 1605. La "Grande Mademoiselle", duchesse de Montpensier et cousine de Louis XIV y séjourna
en 1666.
La chapelle seigneuriale des Foucault a été annexée à l'église
paroissiale. Son clocher à bulbe est le même que celui de l'église de Fresselines. A gauche
de l'église, un portail donne accès au manoir de la Crinaldière et à ses quatre jardins
à thème.
Nouzerolles
Plus au nord, coincée
entre la Petite Creuse et la limite de l'Indre nous touchons ici le pays d'Oïl. La commune peut s'enorgueillir
d'un riche passé historique dont il ne reste, hélas, plus rien. Dans le château disparu qui
se situait près de l'église se sont croisées, au gré des mariages et des alliances,
les familles de Blanchefort, d'Aubusson, de la Marche, de Chabanne, ...
L'église (XIVème-XVème) possède un retable en bois doré
du XVIIIème.
Toute proche, la vallée de la Petite Creuse appelle à la détente et à la flânerie
au milieu des gorges et des rochers. Confluent du Lavaud et de la Petite Creuse, le site de Puy Balière vaut
à lui seul le détour.
Le Chauchet: GAEC
de la Salle (Cherchaud)
Traversée par la "Méridienne verte" la commune du Chauchet est à
l'écart des circuits touristiques. Le bourg est regroupé autour de son église placée
sous le vocable de St Julien de Brioude. De reconstruction récente, elle a toutefois conservé une
arcade du XVIIIème siècle et un curieux dossier de banc du XVème.
La route venant de Chambon révèle cependant de beaux paysages sur la vallée de la Tardes qu'elle
traverse à Cherchaud (Chez-Rechaud) sur un pont médiéval. La vallée était
autrefois parsemée de moulins à aubes; un seul est aujourd'hui en activité.
Saint-Julien-le-Châtel
Saint-Julien
est séparé du Chauchet par la route de Chambon à Aubusson,
mais nous quittons la vallée de la Tardes pour sa jumelle de la Voueize.
De l'église d'origine qui porte, elle aussi, le nom de St Julien de Brioude, il ne reste que le choeur du
XIIème; la nef est de construction récente. Elle possède toutefois un très
beau retable du XVIIème et un tableau récemment restauré qui représente la
Nativité et l'Adoration des Bergers; il est daté de 1652.
Le vocable "Le Châtel" rappelle que cette commune est le berceau de la maison de Saint-Julien connue
depuis le XIème siècle et qui s'allia à la famille de Bridiers (La
Souterraine). Le château défendu par douze tours fut reconstruit en 1665 (Puy-la-Reynaude).
Sardent
C'est là qu'est né, en 657, celui qui allait devenir le grand Saint Pardoux auquel rendent hommage,
partout dans le Limousin, tant de chapelles, de villages ou de lacs. Rendu aveugle par un éclair, il fonda
un monastère à Guéret où il mourut en retrouvant la vue. Tous les sept ans depuis dix
siècles, quand le rituel des ostensions anime tout le Limousin, ici même, le jour de Pentecôte,
les croyants viennent rendre hommage au petit Pardulphe.
L'église est dédiée à Saint Martin. Saint Pardoux n'a droit qu'à une chapelle.
Le trésor de l'église, (Chasse
de Saint Etienne, Bras Reliquaire de Saint Pardoux, Ostensoir, Croix à double branche) a quitté
Sardent pour le Musée de Guéret.
Héros du film "Le Beau Serge", les gens d'ici en ont longtemps voulu à Claude Chabrol, qu'ils
avaient hébergé pendant la guerre, de les avoir méchamment caricaturés.
Sainte-Feyre: Les
Jardins Nature de Charsat
Ce nom est une déformation
de Saint Symphorien dont le culte était très fréquent en Creuse (le bon St Fort). Ici,
plus qu'ailleurs, abondent des restes paléolithiques, celtes et gallo-romains spécialement au Puy
de Gaudy avec ses pierres mégalithiques, son oppidum gaulois, sa muraille de 1800m comportant des parties
vitrifiées.
Le baptistère des Bains-d'en-Haut,
au dessus de l'hôpital Sanatorium, provient du Puy tout proche.
Bien sûr, l'église est placée
sous le patronage de St Symphorien. Elle referme un très beau tarbernacle en bois doré du XVIIème
siècle.
Sur la route de la gare, le château fort où séjourna Louis XI a laissé la place à
un immense château du XVIIIème siècle; sa façade comporte treize fenêtres.
Le château est ouvert à la visite pendant la saison touristique: escalier, salons, boiseries et mobilier,
cuisine, oratoire, tapisseries, tout y est remarquable. Un site
internet permet de le découvrir.
Crédit photos: Christine et Alain Tixier, Jerome Dinet (Baptistère
de Ste Feyre))
|