Promenade donnant sur la voie

Abasourdi, je m'étais assis sur le bord du lit pour relire la lettre. "Agent Commercial 1er échelon sur le réseau TER de la région Limousin". Le directeur du personnel avait le plaisir de m'en informer. Il ne manquait pas d'humour celui-là ! En plus des vaches, ils avaient donc des trains dans le Limousin !

La nuit avait apaisé mon désappointement; le TGV ce serait pour plus tard ! Comme m'y invitait la lettre, j'ai pris rendez-vous avec le service du personnel de la Gare de Limoges et c'est ainsi que ma carrière a commencé.

Voilà donc plusieurs mois que je parcours la région en tout sens; de Châteauroux à Limoges, de Limoges à Périgueux; d'Ussel à Montluçon, de Poitiers à Limoges, de Limoges à Guéret, de Guéret à Montluçon, de Brive à Limoges, de Guéret à Felletin. Les anciens se réservent le Corail et le Turbo; je suis préposé aux omnibus. Mais avec le temps, j'ai fini par apprécier ces parcours et à m'attacher à cette région et à ses habitants.

mardi 8 décembre: Châteauroux-Limoges.

Le freinage du train m'a brusquement ramené à la réalité; "Saint Sébastien, une minute d'arrêt". C'est ici que j'ai rencontré Annie pour la première fois; tous les lundis, elle prenait ce train pour aller donner ses cours d'histoire à Limoges. Au fil des voyages, elle m'a raconté ces communes que je traversais sans les voir.

- "Prenez le temps de venir visiter nos villages. Vous savez, il n'y a pas que le train et la gare ici ! Nous avons aussi une église avec de belles verrières. Voulez-vous que je vous emmène voir les ruines de l'abbaye d'Aubignac? Dans un site sauvage et un peu effrayant, il ne reste que les ruines d'une église du XIIème siècle."

- "Regardez ces bois de châtaigniers, ils sont sur Bazelat; c'est là que je suis née. Quand j'étais petite, je me glissais dans la vieille église romane pour rêver devant les ors du retable en bois du XVIIème siècle. Et je vois encore ma grand-mère battant son linge au lavoir public; la municipalité a eu la bonne idée de le restaurer."

Nouveau freinage: Forgevieille. C'est la gare de Saint Germain-Beaupré, célèbre pour son élégant château, avec ses tours couvertes d'un dôme d'ardoises surmonté d'un clocheton. L'édifice, construit à la Renaissance, aurait accueilli Henri IV et Mademoiselle de Montpensier. "Les quatre jardins à thème de la Crinaldière attendent les amoureux pour une petite promenade", disait Annie avec un sourire plein de sous-entendus.

Après une longue courbe, le train entre sur la commune de Saint Agnand de Versillat. Si la commune n'a pas de gare, elle est pourtant connue pour sa lanterne des morts du XIIIème qui domine le cimetière et ses tombes abritées sous leurs serres en verre cathédrale.

GarePorte St JeanLa gare de La Souterraine est la plus importante de la Creuse (100.000 voyageurs par an). La "vieille ville" a gardé le souvenir de ses remparts avec sa "Porte St Jean", sa "porte de Puy Charraud", ses jolies maisons anciennes, son église du XIIème et surtout sa crypte pré-romane qui a donné son nom à la localité. Au milieu du cimetière (route de Paris) se trouve une des cinq lanternes des morts du département.

Après la Souterraine, la ligne Paris-Toulouse quitte la Creuse en suivant la frontière séparant Saint Pierre-de-Fursac de Saint Maurice-La-Souterraine. Autrefois, traversée par la RN145, Saint Maurice a maintenant retrouvé, grâce à une déviation, un peu de son calme antique autour de son tumulus, de ses urnes funéraires, de son église romane, de ses manoirs du XVIème et de ses étangs. Les chemins et les forêts se souviennent encore du passage des rois Charles VII et Henri IV se rendant à St Germain-Beaupré.

samedi 18 décembre: Limoges-Vielleville ...

J'ai découvert avec étonnement que Guéret était une des rares préfectures ne possédant pas de liaison ferroviaire directe avec Paris. Au XIXème siècle, les élus, craignant un exode déjà amorcé avec les maçons de la Creuse, avaient refusé que la ligne Paris-Toulouse traverse la capitale marchoise. Limoges profita donc du Chemin de Fer. Désormais pour se rendre de Paris à Guéret, il faut changer de train à Montluçon ou à Saint Sulpice Laurière et emprunter le "BG".

La ligne "Bordeaux-Genève" s'arrête en fait à Lyon. En quittant St Sulpice, elle entre en Creuse par la commune d'Arrènes. Le choeur de l'église du XVème contient deux piscines gothiques et des baies flamboyantes joliment décorées. L'ancienne paroisse du Reix a été rattachée à la commune d'Arrènes. Il en reste une chapelle du XVIIIème siècle dont la porte méridionale du XIVème est moulurée. Au village de Champegaud, il existe encore des "bories", cabanes de berger en pierres sèches.

La gare de MarsacQuand il y a des voyageurs, l'autorail marque l'arrêt à Marsac, villa gallo-romaine de "Marcius" (?). La voie longe un lotissement aux maisons avenantes, puis franchit le passage à niveau de l'avenue du Limousin qui, traversant le bourg, mène à l'église du XIIème, maintes fois remaniée. Le 30 novembre dernier, j'ai été surpris par un afflux de voyageurs venus pour le pèlerinage de la chapelle des Rorgues; près de la chapelle, la fontaine Saint André est, parait-il, réputée comme étant miraculeuse.
Chapelle des RorguesIl y a quelques années, la boyauderie située près de l'Ardour, fabriquait des cordes naturelles pour les violons et les raquettes. Après la gare, les "Grands Moulins" de l'Ardour ont maintenant disparu; il ne reste plus que le nom du village. La vie de la gare appartient au passé; les fenêtres sont murées; ce n'est plus qu'une halte. Pourtant au fil des conversations, je sais que la piscine, le camping et l'étang de la Brousse, donnent un peu de vie à cette commune qui ne veut pas mourir.

La "Vela Villa" romaine a donné naissance au bourg de Vieilleville qui s'est développé avec l'activité de la gare. Il est devenu beaucoup plus important que Mourioux, le chef lieu de la commune; il possède même sa propre église. L'histoire de Mourioux remonte à "Morioglio" (de nombreux ruisseaux). Le dolmen de l'Antre des Fades renvoie à l'époque celtique. L'époque gallo-romaine a laissé des traces de recherche de filons d'étain. Une croix auvergnate polychrome a été érigée au XIème. Quant à l'église fortifiée, elle a été construite au XIVème siècle. Plusieurs puits et fontaines (St Rémy, Villedary) témoignent du riche passé de ce bourg.

Vielleville-Bourganeuf.

La gare de VieillevilleLe train de 13h07 venant de Guéret n'est pas encore arrivé; après avoir annoncé qu'il faudrait patienter un quinzaine de minutes, le chef de gare vient me dire bonjour. En observant une machine haut-le-pied manoeuvrant pour prendre l'embranchement de la ligne de Bourganeuf, je m'étonne: "Il y a encore des trains sur ce bout de ligne ?"

- "La ligne ne sert plus au transport des voyageurs depuis 1939. Toutes les gares sont désaffectées. Mais la ligne est encore utilisée pour transporter les arbres abattus dans les forêts du "Haut Pays" de Bourganeuf."

"L'inauguration du chemin de fer fut une fête magnifique dont on se souvient encore dans notre ville." (Martin Nadaud, député de Bourganeuf).

La ligne traverse d'abord la commune d'Aulon. Le village, construit à flanc de colline avec ses rues étroites, ouvre la porte vers un pays de forêts et de maquis. Des deux églises du Rétoueix et d'Aulon, il ne reste plus que l'austère église d'Aulon.

La ligne passe ensuite sur la commune de Ceyroux; on y a découvert les plus anciens vestiges paléolithiques de Creuse (150 000 ans avant JC). La petite église St Blaise possède une statue de St Goussaud et son pavage est parsemé de pierres tombales.

L'ancienne garde de Bourdaleix est située sur la commune de St Dizier-Leyrenne entre les bourgs de Ceyroux et d'Aulon. C'était une gare d'évitement à mi-chemin de Vieilleville et de St Dizier.

La gare de St Dizier LeyrenneEglise de St DizierLa gare suivante était celle de Saint Dizier-Leyrenne. Des vestiges paléolithiques et romains rappellent l'antique peuplement de la Creuse. L'église date du XIIIème siècle; modifiée au XVème la voûte a été lambrissée . Près du bourg, le plan d'eau aménagé offre une petite plage et une belle promenade circum-lacustre. La Croix de la Mine est un vestige du passé minier de cette région. La mine d'or de Forgeat a été fermée en 1914.

La concession des mines de fer et de houille de Bosmoreau-les-Mines s'étendait sur les communes de St Dizier et Thauron. La mine de charbon connue depuis 1765, fermée en 1922 fur rouverte en 1940 et exploitée jusqu'en 1958. L'église, sans ornements, avec un chevet droit, est typique des édifices des Ordres militaires du Moyen-âge.

Après la gare de Bosmoreau, la ligne traverse les communes de Thauron et Mansat avant d'arriver à Bourganeuf. Thauron est un ancien oppidum gaulois dominant les gorges du Taurion, sur la voie romaine reliant Lyon à Limoges. Le cimetière s'orne d'une fausse lanterne des morts; le fanal est remplacé par une sculpture représentant des flammes. L'abbaye du Palais, dont il ne reste que les ruines de l'église et du cloître a été remplacée par une chapelle néogothique et un château-hôtel.

ApollonUne statuette d'Apollon, découverte à Mansat-La-Courrière, est exposée au Louvre; le musée de Guéret en possède une copie. Plus récemment, un pavage romain a été mis à jour dans un fournil. Le château renaissance avec ses tours, hélas, arasées et ses échauguettes surprend toujours les visiteurs.

La gare de BourganeufLa ligne se termine à Bourganeuf. La gare, rachetée par la ville, est en cours de restauration. Sur la hauteur, la très belle église St Jean, le corps de bâtiment de l'Hôtel de Ville, la Tour Lastic et la Tour de Zizim, prince exilé et captif, permettent de se rendre compte de l'importance de la commanderie de Malte qui fut du XVème au XVIIIème siècle, le siège du Grand Prieuré de la Langue d'Auvergne sous le règne de Pierre d'Aubusson et de ses successeurs. De nombreuses chapelles parsèment la ville et ses environs.
Tour ZizimL'ancienne sous-préfecture fut une ville industrielle importante. Une mine de charbon était située au village de Bousogles; elle s'étendait sur les communes du Faux-Mazuras et de Saint Junien-la-Brégère. La ville abritait également la seule usine de porcelaine de la Creuse, trois papeteries, une fabrique de meubles. En 1886, la cité fut la première au monde à être éclairée par l'électricité produite à la Cascade des Jarraux (commune de Saint Martin-Château) située à 15 kilomètres plus au sud (Musée de l'Electricité).
Chapelle des PénitentsSi ces industries ont plus ou moins disparu, l'usine Cosylva fabrique chaque année des milliers de m3 de lamellé-collé utilisés pour construire des salles polyvalentes et autres gymnases.

La sonnerie annonçant l'approche de l'omnibus de Guéret arrête brutalement notre conversation. La rame X75000 arrive à quai, le signal s'efface en claquant et le chef donne le signal du départ. En crachant un nuage sale, notre autorail s'élance pour franchir le passage à niveau et les aiguilles en direction de Guéret.

samedi 18 décembre: ... Vielleville-Guéret

Etang de la VallodieLa voie traverse maintenant un coin de la commune d'Augères, le long de l'étang de la Vallodie. Une croix sculptée, réputée pour ses miracles, a fait autrefois la réputation de cette commune.

La commune suivante est celle du Grand Bourg. Au XIXème siècle, les riches propriétaires avaient obtenu que le "BG" qui devait rejoindre Fromental, via le Grand Bourg et Fursac, en longeant la vallée de la Gartempe, soit détourné par la vallée de l'Ardour. Faute de gare, la commune doit se contenter d'un passage à niveau !
D'un riche passé religieux, il ne reste qu'une des rares églises gothiques de Creuse (avec Pontarion et Aubusson). Elle contient une croix reliquaire et une vierge auvergnate; son pourtour est parsemé de sarcophages et d'urnes funéraires.

Grand MontaigutAu débouché d'une profonde tranchée, autrefois propice aux incendies d'escarbilles, la voie ferrée débouche sur la commune de Montaigut-le-Blanc que domine la tour du Grand Montaigut. La redoutable place forte ne résista pas aux guerres de religions. Mais, patiemment reconstruit depuis une vingtaine d'années, le donjon veille, à nouveau, sur la vallée comme au temps de sa gloire.

Château de GartempeLa voie ferrée abandonne provisoirement Montaigut pour visiter la commune de Gartempe. Le petit bourg possède une église romane à voûte lambrissée. Du pont sur la Gartempe, une jolie vue permet d'apercevoir, entre les arbres, le château et sa tour (fermé à la visite).

Le train quitte Gartempe pour desservir Montaigut-Station. Deux kilomètres séparent Montaigut de sa gare; en fait, il n'y a plus de gare, c'est juste une halte; s'il n'y pas de voyageur, le train ne s'arrête pas.

Dès la sortie de la gare, c'est déjà Saint Sylvain-Montaigut. Le bourg et son église dominent le bief d'un moulin posé sur la Gartempe. Reconstruite au XVème, l'église possède une chapelle seigneuriale où les Brachets, descendus de leur forteresse du Grand Montaigut, venaient assister à la messe paroissiale.

De l'ancienne église de Saint Victor-en-Marche, les habitants n'ont conservé que le porche. Le reste était tellement abîmé qu'au XVIIIème siècle, ils ont décidé de reconstruire une église au goût du temps. Ce serait la seule du département.

Une longue courbe précède l'arrivée à La Brionne. Nichée au pied du Maupuy, avec ses maisons neuves, cette commune annonce déjà Guéret.

Saint Sulpice-le-Guérétois n'a pas eu droit à une gare. La commune conserve les restes d'un aqueduc apportant l'eau à Garactum. De l'église du XIIème reconstruite au XVIIème, il reste une belle porte polylobée et une croix au cimetière. A Banassat, une croix sculptée est le seul souvenir du monastère fondé en 1259. Le château de Montlevade (XVIIIème) est remarquable par sa chapelle ellipsoïdale.

Gare de GuéretA la sortie du tunnel creusé sous le cimetière, l'autorail entre en gare de Guéret.

- "Julien !"

Musée et JardinAnnie m'attend sur le quai. Aujourd'hui, nous allons visiter le "Chaminadour" de Marcel Jouhandaud, la place Bonnyaud, la Grand'Rue, la place du Marché. Je ne me lasse pas d'admirer l'Hôtel renaissance des Moneyroux, où siège le Conseil Général; les guérétois lui donnent le nom de Château des Comtes de la Marche. Place du Marché, nous n'avons pas eu le temps de visiter le Musée du Présidial consacré à la Creuse traditionnelle. Avant de repartir, nous allons flâner dans le superbe jardin du Musée de la Sénatorerie dont les exceptionnelles collections de peinture et de sculpture, les pièces d'orfèvrerie et d'archéologie, les ensembles de tapisseries et de meubles que possède le musée méritent d'être vus et revus.

mardi 18 janvier: Guéret-Montluçon.

Gare de GuéretDebout sur le quai en attentant l'heure du départ, j'observe le chargement d'une plate-forme; une grue y dépose des troncs d'épicéas et de douglas d'Amérique acclimatés à la Creuse. Le claquement du carré m'alerte; le départ est imminent. Effectivement, le haut parleur émet un crachotement de "78 tours" dans lequel une oreille exercée devine que le train de 16h51 à destination de Montluçon va partir; le chef jette un coup d'oeil à sa montre, donne du sifflet et lève son drapeau; d'un geste, il me salue pendant que nous nous éloignons vers Sainte Feyre.

Forêt de ChabrièresCe nom est une déformation de Saint Symphorien dont le culte était très fréquent en Creuse. Ici, plus qu'ailleurs, abondent des restes paléolithiques et gallo-romains spécialement au Puy de Gaudy avec ses pierres mégalithiques, son oppidum gaulois, sa muraille de 1800m comportant des parties vitrifiées. Le baptistère des Bains d'en Haut, au dessus de l'hôpital Sanatorium, provient du Puy tout proche.
Château de Ste FeyreSur la route de la gare, le château fort où séjourna Louis XI a laissé la place à un immense château du XVIIIème siècle; sa façade comporte treize fenêtres. Le château est ouvert à la visite pendant la saison touristique: escalier, salons, boiseries et mobilier, cuisine, oratoire, tapisseries, tout y est remarquable. Un site internet permet de le découvrir.

La commune suivante est La Saunière. L'église est une illustration du roman limousin avec son abside en cul-de four; elle possède une piéta en pierre du XVème. Les douves du château du Théret sont devenues un étang où se reflètent les façades et les toitures du XIVème siècle.

Par la fenêtre je regarde défiler les prairies de Mazeirat. Dans l'église, il ne reste plus que quelques traces de l'architecture du XIIème, tant elle a été remaniée.

A Saint Hilaire-la-Plaine, comme souvent à cette époque, l'église du XIVème siècle a été fortifiée. Il reste, de cette époque, des échauguettes aux angles du chevet et un puissant clocher avec mâchicoulis et tourelles qui fait plutôt penser à un donjon.

Viaduc de BusseauAu temps glorieux de la vapeur, la gare de Busseau sur Creuse, sur la commune d'Ahun, fut un important dépôt ferroviaire, au centre de la ligne "Bordeaux-Génève" et à l'embranchement de la ligne d'Ussel. Aujourd'hui, Busseau abrite une importante laiterie. A la sortie le la gare, le viaduc (300m de long, 80m de haut) domine le pont sur la Creuse. Le style de l'ouvrage le fait, à tord, attribuer à Eiffel; en fait il a été construit par les Ets Cail, sous la direction de Wilhelm Nördling, ingénieur en chef à la Compagnie du Chemin de Fer Paris-Orléans.

Aucun voyageur n'est descendu ni monté à la gare de Cressat. Les restes gallo-romains trouvés ici, justifieraient que la commune s'appelle "Cressac", villa d'un certain "Crassius" (?). L'église romane du XIIème est dédiée à Ste Marguerite d'Antioche; une statue en pierre la représente chevauchant un dragon.

Le château d'Orgnat, sur la commune de Saint Dizier-la-Tour, conserve quelques belles tapisseries du XVIIIème. La tour Saint Austrille justifie le nom de la commune. Elle est entourée de quelques tombes de chevaliers.

Gare de ParsacIl est à peine 17h25 quand la trompe de l'autorail résonne juste avant le passage à niveau précédant la gare de Parsac; la nuit est déjà tombée. J'ai toujours pensé que cette gare isolée a dû servir de décors dans un film de Claude Chabrol.

- L'Hôtel de la Gare, s'il vous plaît ?
L'employé qui récoltait les billets fut surpris par la question de cet homme qu'il ne se souvenait pas d'avoir vu descendre du train. Il était vêtu d'un manteau noir et son chapeau cachait en partie son visage. L'employé prit le ticket et lui indiqua le chemin de l'hôtel; par curiosité, il examina le petit rectangle de carton pour savoir d'où venait cet inconnu. Le billet avait été acheté à Guéret.

- Bonsoir. Serait-il possible d'avoir un chambre ?
La patronne de l'Hôtel regarda l'homme avec curiosité. Ses clients habituels étaient des voyageurs de commerce qu'elle connaissait presque tous. Celui là, elle ne l'avait jamais vu.

- C'est loin Parsac ?
- A peine un kilomètre, en suivant la petite route sur la droite. Vous verrez le bourg est très accueillant. Notre église romane fut sans doute très belle; hélas, seul le transept a résisté aux siècles. Nous avons aussi des vestiges de châteaux féodaux.
- Merci, je trouverai, répondit-il un peu sèchement.

L'homme fit un bref séjour dans la chambre puis partit sur la route de Parsac. Il ne revint pas pour le dîner et la patronne ne l'entendit pas rentrer. Cependant, le lendemain matin, l'inconnu descendit pour le petit déjeuner, puis il régla sa note et se dirigea vers la gare.

Trois jours plus tard, les habitants de Parsac, en lisant la Montagne, découvrirent que ...

A chaque fois que je passe par là, j'imagine le début d'une histoire que je ne finis jamais, car l'un ou l'autre voyageur vient toujours interrompre ma rêverie.

- "Vous voyez, j'habite tout près d'ici, à La Celle-sous-Gouzon. Malheureusement, il n'y a pas de gare; pourtant nous avons des ateliers de charcuterie. Je suis obligée de venir prendre le train à Parsac. J'espère qu'ils ne vont pas nous le supprimer."

- "A Saint Sylvain-sous-Toulx, non plus il n'y a pas de gare. C'est là que je suis née et que je me suis mariée dans la veille église. Le curé nous avait dit qu'elle avait 800 ans. A cette époque, on construisait plus solide que maintenant ! Mon mari était de la commune de Trois-Fonds. Quand il fait jour, on voit le bourg au loin."

Toulx Ste Croix- "On arrive à la gare de Chanon; ma nièce vient me chercher; elle habite Toulx-Sainte-Croix. Vous connaissez Toulx ? C'est un drôle de village. Le clocher est séparé de l'église par un espace d'au moins dix mètres.
Quand vous irez, il faudra monter dans la tour. Le panorama sur la Creuse et sur l'Indre vaut le coup d'oeil.
Et pas loin, il y a les Pierres Jaumâtres. Ma grand-mère me racontait que la fille du roi Arthur dormait sous ces pierres et y attendait le prince qui allait la réveiller."

La femme est la seule à descendre à Chanon; pendant qu'elle lève la main pour me saluer, le train reprend sa route vers Lavaufranche. Tous les guides que j'ai lus, parlent de cette commanderie restaurée pierre par pierre. Un jour, avec Annie, nous prendrons le temps de venir voir l'orgueilleuse bâtisse et sa chapelle dans laquelle, on a découvert des fresques du XIIIème et le tombeau d'un commandeur de l'Ordre de Malte.

De Lavaufranche, un embranchement conduit vers Boussac; c'est tout ce qui reste de la ligne Evaux-La Châtre. L'embranchement traverse la commune de Saint Sylvain-Bas-le-Roc. Cette région possède des mines d'étain et de wolfram qui s'étendaient sous les communes de Toulx, Lavaufranche, Boussac, Leyrat et Soumans.

Le château sur la petite CreuseA Boussac, le château (XIIème et XVème) a attaché son nom aux sept tapisseries de la "Dame à la Licorne" (Musée de Cluny à Paris) vendues, dit-on, pour repaver le champ de foire ! Annie m'a dit que George Sand avait dormi dans ce château. L'ancienne résidence du sous-préfet abrite aussi une jolie collection de tapisseries anciennes. Boussac-Bourg possède quelques maisons à tourelles et à bardeaux et deux églises jumelles St Martin (XIIème) et Notre-Dame (XIème). Mais ce qui fait saliver Annie, ce sont les confitures de myrtilles du Trimoulet.

Après avoir quitté Lavaufranche, le train traverse la commune de Soumans avant d'entrer dans l'Allier. Cette vaste commune déborde sur le bassin minier de St Sylvain-Bas-le-Roc. Elle a été la première de Creuse à posséder une piscine chauffée ! Le bourg de Bellefaye fut le chef-lieu d'une commune. On y trouve à la fois, un château, une église du XIIIème et des stèles gallo-romaines.
A Montrebas, dans les anciennes mines d'étain, on extrait des turquoises et des matériaux utilisées dans la fabrication des céramiques.

vendredi 11 février: Guéret-Felletin.

Le vendredi, je suis affecté à l'accompagnement du seul train journalier desservant les gares de la ligne de Guéret à Felletin. Dans la journée, un car remplace l'omnibus. En cette fin d'après-midi, les bruyants internes des lycées de Guéret remplissent les wagons sous le regard désapprobateur de quelques voyageurs plus âgés.

141TD740 (ph. Corinne Simon)J'aime bien cette ligne serpentant le long de la Creuse. L'été dernier, avec Annie, nous avons eu la chance de faire le voyage de Limoges à Felletin dans un train tracté par une antique 141TD à vapeur. Chaque année, au moment des vacances, l'Association des Chemins de Fer Touristiques Limousin-Périgord organise des voyages à vapeur sur quelques lignes du Limousin. Le train emprunte d'abord la ligne du "BG" jusqu'à Busseau-sur- Creuse.

ChantemilleLa gare de Busseau sur Creuse est située sur la commune d'Ahun. La crypte et le choeur de l'église d'Acitodunum ont été bâtis au IXème et Xème siècle. La nef de l'église a été reconstruite au XVIIème.
L'actuel petit château de Chantemille, sur les rives de la Creuse, a été construit en 1470, mais ses origines remontent à la fondation du Moutier d'Ahun. Pendant les mois d'été, il fait découvrir aux visiteurs son glorieux passé (05. 55.62.33.67). [1]

Après avoir franchi le viaduc de Busseau, le train bifurque et se dirige par un tunnel vers le Moutier d'Ahun.

L'arrivée au Moutier, par la route de la gare, est le plus beau point de vue sur le joyau du département. Le pont roman (XIème), dit "pont romain", sert de premier plan au clocher et au choeur de l'ancienne église abbatiale célèbre pour ses boiseries du XVIIème siècle sculptées par Simon Bauer. En 1997, s'y est ajoutée une tapisserie d'Aubusson commémorant mille ans d'histoire.

Moûtiers d'Ahun Boiseries


La gare de Lavaveix-les-Mines a connu son heure de gloire à l'époque du charbon; la mine qui produisait encore 7500 tonnes en 1966 fut définitivement fermée en 1969. Un fût de colonne romaine servant de socle à une croix est un témoignage du riche passé gallo-romain du département. L'église est du XIXème, ce qui est assez rare en Creuse.

De la commune de Saint Pardoux-les-Cards, les cartes postales connaissent surtout le superbe château de Villemonteix. Restauré avec soin, le château est ouvert au public (informations au 05.55.62.33.92). Des tours en poivrière sont accolées au donjon central. Habité, le château possède quelques beaux meubles dont un étonnant piano double, et de belles tapisseries d'Aubusson.

La voûte de l'église romane d'Issoudun-Létrieix a été refaite au XVème siècle. On peut y voir une belle Vierge auvergnate du XIIIème. Le nom de la commune et les nombreux restes gallo-romains font penser que ce joli bourg existe depuis plusieurs siècles. Près de l'église se trouve une vieille maison à tourelle.

Les voyageurs s'emmitouflent en découvrant les flocons de neige virvoltant dans le halo des lampadaires du quai de Fourneaux. La gare est située sur la commune de Saint Médard-la-Rochette née de la fusion des communes de St Médard et La Rochette. A St Médard se trouve les plus anciennes sépultures du département. Quelques maisons du village comportent encore des inscriptions romaines.
La jolie petite église de la Rochette est logée sur un éperon rocheux dominant la Creuse.

Le choeur en cul-de-four de l'église d'Alleyrat est typique du roman limousin. Construite sur une crypte du XIIème, elle possède un reliquaire de St Pierre datant du XIIIème siècle.

Gare d'AubussonLe train quitte Alleyrat pour arriver en gare d'Aubusson; la plupart des voyageurs s'arrêtent ici. Les conversations tournent autour de la neige et des saisons qui ne sont plus ce qu'elles étaient. Le quai a été salé mais les traverses sont blanches.
J'aime cette ville, ses jolies maisons anciennes et ses ponts sur la Creuse. J'ai eu l'occasion de visiter le Musée Jean Lurçat et la Maison du Tapissier. J'ai grimpé les rues jusqu'à l'église Ste Croix (XIIIème) et son école d'orgue réputée. Je suis allé voir la Tour de l'Horloge, la Chapelle St Jean, le site du Chapitre où résidaient les vicomtes d'Aubusson.

Tour de l'Horloge Vue générale


Après Aubusson, la voie longe la Creuse pour rejoindre Felletin. La première gare est celle du Moutier-Rozeille. Le nom de cette commune est issu d'un ancien monastère fondé au IXème siècle qui a complètement disparu pendant les Guerres de Religion. Charlemagne y aurait fait une halte en 803. L'église, d'origine romane, est le seul bâtiment restant; dédiée à St Martin de Tours, c'était une étape sur la route de St Jacques de Compostelle. Les chapiteaux figuratifs sont assez remarquables.
La comédienne Françoise Bandy de Nalèche plus connue sous le nom de Françoise Rosay est originaire du Moutier-Rozeille.

Clocher du Moûtiers- "Felletin. Terminus du train. Tous les voyageurs descendent de voiture." Le quai est couvert d'une gadoue de neige piétinée; les voyageurs prennent gardent de ne pas glisser. Quelques boules de neige sont échangées.
"Berceau de la Tapisserie", la ville garde aussi le souvenir des Maçons de la Creuse avec l'Ecole Nationale des Métiers du Bâtiment. La richesse de cette ville est hélas trop méconnue. Le curieux clocher (XVème) de l'église du Moutier (XIIème) domine la ville; témoignages rares, les fresques de l'église ont été réalisées par des lissiers. En flânant dans les rues, j'ai découvert les maisons du XVème et du XVIème siècle, l'église Notre-Dame du Château (XVème) de style languedocien, la Chapelle Bleue, la Chapelle Blanche, le jardin du cloître, la lanterne des morts du XIIème, ...

- "Avec toute cette neige, il ne doit pas faire bon sur le Plateau ! J'espère que le car va pouvoir aller jusqu'à la Courtine. Avant la guerre, l'omnibus continuait jusqu'à Ussel; c'était plus pratique. Aujourd'hui, il n'y a même plus de rails !"

Clocher peigneLe train traversait tout d'abord Saint Quentin-la-Chabanne dont le clocher-mur à quatre baies est isolé de l'église (voir la balade des clochers). L'édifice du XIIIème, construit sur une crypte, possède deux tableaux en bois représentant le martyr de St Quentin et la lapidation d'un moine franciscain ainsi qu'une Vierge Noire du XVIIème. Le village des Bordes a conservé le four banal où, jusqu'au début des années 1900, les habitants du hameau venaient cuire leur pain.

Chapelle du Mas-LaurentLa commune de Croze abritait la très importante commanderie templière de Sainte Anne. Les étonnants chapiteaux de l'église du XIIème illustrent une chasse au sanglier. Dans le parc du château de Mas-Laurent, la chapelle St Antoine est ornée d'une petite lanterne des morts.

Autrefois, Clairavaux portait le nom de Puyravaux, siège d'une des cinq baronnies de la Marche. L'église du bourg date du XIIème avec une chapelle du XVème siècle. Elle possède un portail renaissance. Curieusement, cette époque architecturale a laissé peu de souvenirs en Creuse où domine l'art roman. Dans le village de Boucheresse, la petite chapelle templière est un reste du domaine que l'Ordre possédait en cet endroit.

Le col de Massoubre, sur la commune du Mas d'Artige, sépare le bassin fluvial de la Loire de celui de la Garonne. A Artige, une croix pattée du XIIème rappelle cette région faisait partie du domaine templier de Croze. En 1861, la commune de Villefert fut rattachée au Mas d'Artiges; de cette paroisse, il ne reste qu'une église en ruines.

Comme son nom l'indique, La Courtine possédait des remparts; Louis XIII les fit détruire. Jusqu'à la Révolution, St Denis était le chef-lieu de la paroisse. En 1750, fut inaugurée l'église reconstruite par l'abbé Michon, qui y a consacré sa vie et sa fortune. De l'église d'origine, il n'a gardé que le portail du XIIIème siècle.
Le camp militaire, créé en 1902, fit la réputation et la richesse du bourg. Les troupes hollandaises de l'OTAN y ont stationné de nombreuses années; leur départ, en 1966, a porté une rude coup à la commune. Aujourd'hui l'entreprise Ozoo, travaille le bois local et exporte 30% de sa production de meubles de bureaux.

jeudi 30 mars: Ussel-Montluçon.

Si la voie ferrée existe encore de la Courtine à Ussel, elle n'est plus empruntée que par les trains de marchandises et les convois militaires. A partir d'Ussel, par contre, la ligne qui rejoint Montluçon en traversant quelques communes de l'est du département est toujours en activité.

L'ancienne gare de Mazergue est située sur la commune de Saint Merd-la-Breuille. L'église reconstruite au XVIème siècle a peut être remplacé une chapelle templière. Il existe un tumulus au hameau de Maneux. Le château de la Breuille a appartenu à la famille de Villemonteix.

La ligne quitte la Creuse pour le Puy de Dôme et va visiter Giat. Puis elle revient desservir la gare de Létrade à proximité de la Mazière-aux-Bons-Hommes.
L'étrange nom de cette commune est issu d'une ancienne communauté de moines; venus de l'abbaye de Grandmont (près de St Sylvestre, Haute-Vienne), ils avaient ouvert un nouveau monastère aux portes de l'Auvergne. C'est là, qu'entre matines et vêpres, rassemblés autour de leur four à pain, ils pétrissaient le célèbre gâteau "Le Creusois".

Prochain arrêt, Mérinchal. Ici, le Cher prend sa source. L'église romane du XIIème siècle possède un retable classé du XVIIème et un cadran solaire fixé sur un contrefort. Le château de la Mothe aurait appartenu à un évêque de Clermont Ferrand qui fut un ami de Voltaire et Diderot.
Le Jardin des Herbes de Vie produit et conditionne toutes sortes de plantes aromatiques et de tisanes.

Avant de rejoindre la gare des Mars, la voie longe le bourg de Chard. Le château du XVème est assez remarquable avec ses belles boiseries du XVIIème. Autrefois, le château possédait des tapisseries anciennes d'Aubusson et de Felletin; il fut habité par Jean-Baptiste Massillon, prélat à la Cour et évêque de Clermont.

Des vestiges gallo-romains ont été découvert aux Mars. L'église du XIIIème siècle a été remaniée au XVIème pour céder aux goûts du temps. Au Montgourd, le château féodal a été restauré.

L'histoire de la petite commune du Compas s'échelonne des "Pierres Folles" néolithiques à la chapelle moderne du Theil, en passant par l'église du XIIIème et les ruines du château de Lavaud-Blanche.

En 1640, le pape offrit au curé d'Auzances une Descente de Croix peinte par Voltera. Ce peintre s'est rendu célèbre en "rhabillant" les oeuvres dénudées du Vatican ! L'église abrite également une piéta de petite taille mais remarquable d'émotion. Il y a queques années, le peintre Nicolas Grescheny a décoré l'église de fresques rappelant le style des icônes des églises orientales. La place est dominée par une maison bourgeoise du XVIIème avec deux tourelles carrées.
Les eaux du Cher et de l'Etang-Neuf ont fait tourner de nombreux moulins, encore visibles sur les rives. De cette activité industrieuse, il reste une filature et une importante usine de salaison dont les produits s'exportent à travers toute la France. La coopérative laitière qui regroupe près de quatre-vingt éleveurs, distribue un lait de grande qualité.

Sur la commune de Rougnat, le château Bodeau (fermé au public), a servi de décors au film d'Alain Corneau "Tous les matins du monde". Construit au XVème siècle, il possède un pont levis et deux tours à mâchicoulis. L'église contient vingt-et-un tableaux du XVIIIème siècle sur lesquels le chevalier Lombardi a représenté des scènes de la vie du Christ. A Cujasseix, les très beaux restes d'une villa gallo-romaine avec ses décors peints ne sont pas sans rappeler Pompeï.

L'église de Reterre (XIIème) est en ruines; elle a été remplacée en 1917, par une église neuve de style néo-roman.

La voie ferrée déroule ensuite quelques traverses sur le commune de Fontanières.

En longeant la route qui mène d'Auzances à Evaux, le train traverse sans s'arrêter la commune de Saint Julien-la-Genête dont le passé remonte au néolithique.

Je m'approche de la porte car le train arrive à Evaux les Bains. La belle église abbatiale (XIème-XIIème) se signale par son clocher à cinq étages. L'emplacement de l'abbaye est occupé par un très beau jardin. L'établissement thermal remontant à l'antiquité (Evaonum) est le seul de la région Limousin; en été, il alimente l'activité de la gare.
 

Cloître de l'Abbaye Etablissement thermal

Entre la gare d'Evaux et celle du Châtelet, le train franchit le cher sur le viaduc métallique de la Tardes dont la construction est attribuée à Eiffel.

Mine d'or du ChâteletLa commune de Budelière, où est située la gare du Châtelet, est née de la fusion des paroisses du Châtelet-Landré et de Ste Radegonde. Le bénitier de l'église de Budelière (XIXème) est un cippe gallo-romain.
Le site du confluent de la Tardes et du Cher mérite le détour; pont suspendu sur la Tardes, église romane de Ste Radegonde, chapelle St Marien qui fut un important lieu de pèlerinage.
Au Châtelet, dans une boucle du Cher, se trouvait une mine d'or assez importante abandonnée depuis 1955. L'église du Châtelet servit pendant un temps d'entrepôt à la Société des Mines; restaurée, elle possède des peintures murales.

Je suis trop jeune pour avoir connu la navette locale Saint Sulpice-le-Dunois - Dun-le-Paletot sur ce qui restait de la ligne Guéret - Saint Sébastien; elle a fonctionné jusqu'en 1940.

La gareA un kilomètre de Saint Sulpice-le-Dunois, au lieu-dit "La Gare", la maison du garde-barrière est toujours là le long du chemin où passait la voie ferrée. La commune garde le souvenir de Jeanne d'Arc venue prier dans la chapelle du Mas St Jean; cause ou conséquence de la visite de la Pucelle, la chapelle est longtemps restée le centre d'un pèlerinage où l'on venait prier pour la protection des moutons. L'église (XIIème-XVème) fut fortifiée au XIVème siècle.

Dun le PalestelD'aucuns disent que Dun-le-Palletot aurait hérité ce nom d'une fabrique de vêtement. Il s'agit plus vraissemblablement d'une déformation médiéval du nom d'origine. Redevenu "Dun-le-Palestel" depuis 1952, le bourg très vivant (foire, marchés, prix cycliste, concerts, comice agricole, kermesse) a été plusieurs fois récompensé pour son fleurissement. La façade de la maison de retraite a conservé, de l'ancien hospice, le très beau portail du XIIIème siècle. Une station de monte des haras nationaux est installée sur la commune.

Pont de lénicDe nombreuses autres lignes ont disparu. L'embranchement Lavaufranche - Boussac est le seul survivant de la ligne Evaux-les-Bains - La Châtre dont la construction s'était limitée à la portion Champillet-Urciers - Lavaufranche. La ligne Guéret - Glénic - Aigurande - La Châtre a laissé de superbes viaducs à Glénic ou Genouillac.

Toutes ces lignes sont supprimées depuis 1952. Quant à la ligne Bourganeuf - Felletin, le long de la vallée du Taurion, bien que Martin Nadaud l'ait faite voter par la Chambre des Députés, elle n'a jamais vu le jour.

Pour un voyage tout en images sur les réseaux creusois, ne manquez pas de visiter le site de Jacques Mautrait: "La Creuse Ferroviaire".


[1] Chantemille est ouvert de 14h00 à 19h30 tous les jours sauf vendredi et samedi du 15 juillet au 12 septembre 2000.
Pour retrouver les lignes oubliées et en savoir plus sur l'histoire du Chemin de Fer en Auvergne, Limousin et Quercy, il faut aller visiter le site de Pascal Desmichel.

encreuse.com
6-mai-06

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Rédaction:
Alain Tixier
(avril 2000 - mai 2006)


Crédit photos: Christine et Alain Tixier, Corine Simon (141TD740), Frank Bourigault (Château de Chantemille), Stéphanie Tudal (Aubusson, Felletin), Claude Commergnat (St Germain-Beaupré), Ministère de la Culture (Croze, Rougnat)