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Si la qualité des eaux d'alimentation s'améliore sur l'ensemble du territoire, 14% du volume total d'eau produite par les captages ne sont pas conformes à la réglementation européenne et, en 1995, 65% des eaux distribuées dans les communes de plus de 5000 habitants ont dépassé les normes autorisées. Le bilan sur la " qualité des eaux d'alimentation 1993 - 1994 - 1995" rendu public vendredi 16 octobre par le secrétariat d'Etat à la santé, a été établi par la direction générale de la santé à partir des 300.000 prélèvements annuels effectués par les directions départementales de l'action sanitaire et sociale ( Ddass). Deux problèmes inquiètent particulièrement les autorités sanitaires : les pollutions microbiennes dues à la présence de micro-organismes pathogènes et l'augmentation des teneurs en nitrates. La teneur trop élevée des eaux potables en nitrates a déjà valu à la France deux procédures d'infraction de la comission européenne : une saisine pour la région Bretagne et une mise en demeure pour le département de l'Eure. Concernant la qualité des eaux de surface utilisées pour la consommation humaine via les captages et prises d'eau directes ( 37% de l'eau potable), les nitrates sont décrits comme les principaux responsables de la pollution : 50 prises d'eau sur les 80 classées hors normes sont contaminées par les nitrates, soit 8% des eaux superficielles utilisées pour la production de l'eau potable. Cette pollution touche tout l'ouest de la France (Bretagne, pays de la Loire et Manche). Le phénomène frappe, par exemple, 17 captages dans les Côtes-d'Armor ( soit 75% des ressources) mais également 8 en Ille-et-Vilaine, 6 dans le Morbihan, 3 dans le Maine-et-Loire, 2 dans la Manche. Les paramètres de non-conformité affectant les réseaux de distribution d'eau potable sont plus variés.
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Du lard... ou du cochon? cette question m'est venue à l'esprit lorque j'ai lu le point de vue que Luc Guyau, président de la toute puissante Fédération nationale des syndicats d'esploitants agricoles ( FNSEA), a publié dans Le Monde ( 3 novembre). La crise porcine, écrit-il, est européenne et mondiale. Personne n'ignore, en effet, que les marchés sont saturés à tous les niveaux. Aussi M. Guyau se déclare-t-il ouvert "sans excès" ( on ne saurait être trop prudent !) à la maîtrise de la production. Mais pourquoi, dans ces conditions, les représentants départementaux de la FNSEA continuent-ils dans de très nombreux départements, à inciter leurs adhérents à "faire du porc" ? Pourquoi les marchands d'aliments et les groupements de producteurs (ces derniers comptant nombre d'adhérents de la FNSEA) maintiennent-ils, sans que le syndicat de M. Guyau en dénonce la perversité, leurs aides aux candidats à l'installation de nouvelles porcheries : fournitures gratuites de plan-types, constitution de dossiers, assistance contentieuse, prêts à taux 0 pouvant aller jusqu'à 30% de l'investissement ? Pourquoi les préfets persistent-ils à accorder, aussi généreusement qu'ils l'ont toujours fait, des autorisations d'ouverture de porcheries industrielles, futures victimes de la prochaine crise ? La réponse de Luc Guyau est un petit chef-d'oeuvre d'habileté :"Des normes existent; si certains les jugent trop laxistes, la responsabilité en incombe au législateur, pas aux producteurs de porcs"... Il n'est hélas ! que trop vrai que ces normes, conçues pour protéger l'environnement contre des installations que la loi qualifiait de " dangereuses, incommodes et insalubres" ont été si libéralement définies par les gouvernements successifs que l'esprit de la loi en a été trahi. Résultat : la Bretagne est abominablement polluée. Et, dans quelques région que ce soit, il ne faudra pas s'étonner des désastres écologiques tant qu'on pourra, avec la bénédiction des pouvoirs publics, installer une porcherie industrielle avec soufflerie extérieure et production intensive de lisier à 100 mètres d'une habitation; épandre du lisier à 35 mètres d'un cours d'eau ; créer une porcherie sans enquête publique ni étude d'impact dès lors que sa capacité n'excède pas quatre cent cinquante porcs de plus de trente kilos ( soit, avec les porcelets, une moyenne de quinze cent porcs). Il y a trois ans, la distance dite " de protection" des habitations ont même été réduites dans certains cas à 50 mètres pour l'implantation de la porcherie et à 10 mètres pour l'épandage du lisier ! En dépit de ce traitement de faveur réservé à leurs projets, de nombreux éleveurs de porcs ont entrepris leur activité en infraction à la loi, la plupart d'entre eux en totale impunité : non seulement l'état ne les poursuit pas mais, magnanime, il les aide financièrement à se mettre en règle ! Tel est l'objet du plan de maîtrise des pollutions agricoles. Selon M. Guyau, il serait actuellement freiné, faute d'un financement suffisant : l'Etat, les collectivités locales et l'Agence de l'eau assument pourtant les deux tiers de la dépense, et l'exploitant bénéficie en prime du pardon de l'infraction commise ! Ce programme, en application depuis quatre ans, a coûté et va coûter des milliards aux contribuables pour aider des contrevenants à la loi. Sans résultat tangible sur l'environnement, puisque le nombre de porcheries continue à augmenter ! Que la responsabilité de ce laxisme généralisé incombe aux gouvernements, soit. Mais qui pourrait affirmer sans hypocrisie que le syndicat agricole majoritaire, qui prétend cogérer l'agriculture avec l'Etat, n'y est pour rien ? Il faut aussi rappeler les sommes que l'Union européenne a consacrées il y a peu à l'abattage de huit millions d'animaux pour éradiquer l'épidémie de peste porcine; il faudrait aussi inclure les dépenses importantes que vont coûter maintenant à l'Union le stockage des excédents et le montant des artifices financiers - restitution ou aide alimentairee - par lesquels on va expédier nos porcs aux Russes, qui ne peuvent pas les payer et ne souhaitent d'ailleurs pas ce dumping qui achève de détruire leur propre agriculture. C'est ce que Luc Guyau appelle pudiquement " saisir toutes les opportunités sur le marché russe"! Il faudrait enfin ajouter les subventions que départements et régions continuent, en dépit de la crise, à dispenser aux installations de nouvelles porcheries. Peu de choses, estime M; Guyau, "au regard de la richesse et des emplois de la filière porcine". S'agissant des emplois, on peut en douter: depuis trente ans, le productivisme agricole a détruit plus d'emplois qu'il n'en a créés. La question, en tout cas, vaut qu'on y regarde de plus près : dans cette intention, les cent quarante associations et fédérations, réparties dans cinquante départements, que regroupe notre Coordination nationale, ont demandé recemment aux groupes de l'Assemblée nationale la constitution d'une commission d'enquête. Nous ne doutons pas que M. Guyau, fidèle au souci dont il se réclame de "clarifier le débat", appuiera notre demande de toute la force dont son syndicat est capable... |
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Depuis un an, la Coordination nationale
contre les porcheries industrielles, qui regroupe 180 associations dans
soixante départements, mène son combat sur le Web. Le mouvement naît
en juin 1994, à Barrais-Bussoles, un petit village de l'Allier, quand
Marinette Roques, femme d'agriculteur, part en guerre contre un groupe
agro-alimentaire qui voulait installer dans sa commune une gigantesque
porcherie industrielle : " avec une poignée d'amis, j'ai fondé une association
et nous avons fini par obtenir l'annulation du permis de construire
". Voir le site de l'Association de protection mondiale des animaux de ferme |
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