La sortie du film "L'Enfant des Lumières", d'après l'oeuvre de Françoise Chandernagor, nous donne l'occasion de faire une petite "visite" aux communes creusoises citées dans l'ouvrage. Le livre nous raconte l'éducation d'Alexis par sa mère Diane de Breyves, dans le bouillonnement des idées philosophiques du Siècle des Lumières, quelques années avant la révolution de 1789. Une grande partie de l'histoire se déroule, dans le nord-ouest du département, autour de la commune de Mortroux qui, curieusement, n'est jamais citée (allez savoir pourquoi !). Note: toutes les citations et la pagination sont extraites de l'édition du Livre de Poche (N° 14104).
L'église du XIIème aurait remplacé une église plus ancienne dédiée à St Martin. Comme dans toutes les églises romanes de Creuse, la richesse de l'ornementation est un peu bridée par la dureté de nos granits: portail à colonnettes surmontées d'une frise, modillons sculptés au sommet des murs extérieurs, chapiteaux naïfs, bénitier. L'ancienne tuilerie de Pouligny (XIXème) a été restaurée. Lieu de culture vivante, on y parcourt, d'un bâtiment à l'autre, les arts de la terre et, en particulier, la fabrication des tuiles traditionnelles: broyage, façonnage, séchage, cuisson. La Petite Creuse baigne quelques moulins à eaux restaurés, dont le célèbre Moulin de Piot évoqué à la page 298. En 1952, Charles Chareille, ancien commandant des FFI de la Creuse, a fondé ici le Moulin des Apprentis. Des jeunes venus du monde entier s'y rencontrent et y échangent leur culture et leur vision de la vie.
L'église romane du XIème fut un prieuré templier dépendant de la commanderie de la Forêt du Temple, toute proche. Le portail possède un tympan, ce qui est très rare en Creuse. Quelques belles sculptures ne manquent pas d'intérêt: modillons, bénitier, ... L'immense forêt qui faisait la richesse des Templiers s'est réduite à la forêt de Fonteny qui occupe, quand même, une grande partie de la commune et déborde sur l'Indre.
Depuis le passage de Claude Monet, du poète Maurice Rollinat et Georges Sand, Fresselines est resté un village d'artistes, comme en témoignent les galeries et les artistes installés un peu partout dans le bourg. Le Centre Artistique de la Vallée de la Creuse perpétue le souvenir de l'Ecole de Crozant. La petite église, avec son curieux clocher couverts d'ardoises, date du XIIème et XIVème siècle.
L'église, à elle seule mérite le détour; d'importantes fortifications furent ajoutées à la construction du XIIIème siècle. Le deux tours crénelées en encorbellement, reliées par un chemin de ronde, ne manquent pas d'étonner. Le portail à colonnettes surmontées d'une frise, que l'on rencontre dans toutes les églises de la région est, ici, assez remarquable. La source miraculeuse de St Sylvain est protégée par un oratoire; les parents viennent y invoquer le saint pour qu'il protège leurs enfants. Les vitraux ont été offerts par la famille de Grandsagne. Il n'existe pas moins de trois châteaux sur le territoire de la commune; propiétés privées, ils ne se visitent pas. Celui de Grandsagne est une vaste bâtisse un peu massive; celui de Beauvais-les-Lions est caché dans la verdure; celui de Mornay (XVIème) est en cours de restauration. Bonnat possédait une gare sur la ligne de chemin de fer reliant Guéret à La Châtre; la ligne est fermée depuis 1952.
L'abbaye royale d'Aubepierre (hameau de l'Abbaye) n'a laissé que quelques chapiteaux inclus dans le mur de l'église de Méasnes. L'abbaye, fondée le 11 juin 1149 dépendait de l'ordre de Citeaux; St Bernard, lui-même y aurait séjourné. Plusieurs fois pillée et brûlée, elle fut définitivement démolie en 1820. L'église du XIème possède une chapelle funéraire ayant appartenue à la famille de Chamborant. Quelques restes, un beau sarcophage et des urnes datent de l'époque gallo-romaine.
Les étrangers sont toujours surpris que la ville d'Aubusson ne soit en fait qu'un gros village; que l'art de nos tapissiers, admiré par le monde entier, soit d'abord un artisanat: "Handicraft for a work of art". Le promeneur remarquera ses jolies maisons anciennes et ses ponts sur la Creuse. S'il est un peu plus curieux, il ira visiter le Musée Jean Lurçat et la Maison du Tapissier. S'il est un peu plus avisé il grimpera les rues jusqu'à l'église Ste Croix (XIIIème) et son école d'orgue réputée. S'il est bon marcheur, il ira voir la Tour de l'Horloge, la Chapelle St Jean, le site du Chapitre où résidaient les vicomtes d'Aubusson.
Bertrand du Guesclin résida quelques semaines au château dont le seigneur venait de rejoindre la cause du roi de France. La forteresse lui servit de quartier général dans sa lutte contre les anglais qui occupaient une bonne partie du Comté de la Marche. Du puissant château de Malval qui contrôlait le nord de la Marche, ne subsistent que les ruines du donjon et les restes du pont-levis enfouis dans les broussailles.
La commune s'appelle maintenant Chambon-Sainte-Croix. Elle fût autrefois un important carrefour de voies romaines. L'église de la Sainte-Croix abrite plusieurs pierres tombales de prêtres. Construite au XIIème, elle a été remaniée plus tard et les collatéraux ont disparu.
Le "Chaminadour" de Marcel Jouhandaud, se visite à partir de la place Bonnyaud et de sa célèbre fontaine des Trois-Grâces. C'est le coeur de la ville proche de l'Hôtel des Moneyroux (aussi appelé, à tord, Château des Comtes de la Marche), actuellement siège du Conseil Général, de l'Hôtel de Ville dont la construction témoigne du savoir-faire de nos maçons, du palais de Justice qui en ferme le quadrilatère administratif entourant la place. Près de la place du Marché, le Musée du Présidial est consacré à la Creuse traditionnelle, et, toute proche, la cathédrale St Pierre-St Paul est enclavée dans les vieilles maisons du quartier St Pardoux. Dans son superbe jardin, le Musée de la Sénatorerie cache des collections exceptionnelles dont la richesse est trop méconnue: peinture, tapisseries anciennes, sculptures, orfèvrerie médiévale, archéologie départementale, ... De nombreuses chasses-reliquaires des églises de Creuse, souvent décorées d'émaux de Limoges, ont été transportées et mises en valeur dans les salles du musée. Au sud de la ville, la forêt de Chabrières offre aux visiteurs ses chemins, ses chaos granitiques, ses restes néolithiques, ses ruines gallo-romaines (Puy de Gaudy) et, maintenant, son parc animalier. Vers l'ouest, les vététistes assouvissent leur passion dans les allées de la forêt du Maupuy; les piétons découvrent le chaos des Pierres Civières, les carrières d'où sont extraites les bordures des trottoirs de Paris, les points de vue sur Guéret et sa région. Au pied du Maupuy, le plan d'eau de Courtille accueille les baigneurs, les pêcheurs et les promeneurs.
L'auteur fait ici un petit accroc à l'Histoire ainsi qu'elle le signale dans ses notes. En effet, à l'époque
du récit, la dynastie de Saint-Germain-Beaupré s'est déjà éteinte avec Armand-Louis Foucault, gouverneur de la Marche, décédé en 1752. L'église a annexé la chapelle seigneuriale des Foucault. Son clocher est le même que celui de l'église de Fresselines. A gauche de l'église, un portail donne accès au manoir de la Crinaldière et à ses quatre jardins à thème.
Elle a tellement été remaniée au cours des siècles, qu'il est assez difficile de déterminer l'époque d'origine de l'église (chapelle du XVème, chevet du XVIIIème, ...). Le Chemin de Croix aurait été offert par Napoléon 1er. Au village de Lignaud, la chapelle Ste Madeleine, reconstruite au XVIIIème, existait déjà au XIIIème. Un peu plus au nord, les Fossés des Chatres sont les restes d'un camp gallo-romain; la présence d'un important établissement est attesté par diverses autres restes archéologiques: poteries, ossements, ... Le château de la seigneurie de Vost appartenait à la famille d'Ajasson; elle possédait un droit de justice jusqu'à Aigurande. Le château du XVème a été agrandi au XIXème par Arthur Hecquart.
Du haut de son nid d'aigle, Glénic veille sur la vallée de la Creuse et sur le beau pont désaffecté qui supportait la voie ferrée reliant Guéret à La Châtre. L'église massive garde la trace des fortifications que rendaient indispensables cette position stratégique au dessus de la vallée. Petite curiosité, elle ne possède pas de clocher. Une vierge "auvergnate" est placée dans une niche au dessus du portail décoré de chapiteaux à crochets. A l'intérieur, les peintures murales du XIVème représentent Adam et Eve chassés du jardin d'Eden.
La commune appartient désormais au canton de Dun-le-Palestel alors que la paroisse dépendait de la prévôté de St-Vaury. L'église a beaucoup perdu de son style roman d'origine. Les fresques datent du XIVème, le choeur est voûté d'ogives, les pierres tombales datent du XVIIème et le XVIIIème a apporté les lambris. L'ordre des Hospitaliers possédait autrefois un oratoire dédié à St-Jean-Baptiste qui était appelé le Temple de Villard.
Le bourg est dominé par Puy des Trois-Cornes évoqué à la page 391; quelques reliefs et des forêts suffisent à constituer ce profil si connu de toute la région qui sépare les vallées de la Creuse et de la Gartempe. St Valéric y installa son ermitage à la fin du VIIème. De nombreux lieux de culte naquirent tout autour de ce lieu qu'on appelait alors le Puy-de-Bernage. Le visiteur ne peut être que dérouté par l'étonnant clocher en béton armé (1925) surmontant une église du XIème siècle ! Derrière l'autel, le chevet supporte un superbe retable anglais en calcaire (XVème) retraçant des scènes de la Passion. Les deux chasses contenant les reliques de St Valéric sont exposées au musée de Guéret. La chapelle St Michel, qui domine la route de Gartempe, est visible depuis la nationale 145. Affectée au XVIIème siècle à la Confrérie des Pénitents Blancs, elle est couverte de bardeaux de châtaignier. Le petit clocher à bulbe est posé au centre du toit. L'étang de la Valette accueille les pêcheurs et les baigneurs. Au site de Roches, on peut voir dans les amoncellements rocheux, la trace du pied fourchu du Diable qui a sauté par là. Autrefois, le foire de Roches très réputée, drainait marchands et chalands jusqu'à Bellac, Aigurande ou Guéret; elle se tenait le 22 juillet, jour de la Ste Marie-Madeleine, patronne de l'ancienne chapelle qui a existé, dans ce lieu, jusqu'au XVIIIème siècle. St Vaury possède un hôpital spécialisé et une école professionnelle (Collège Louis Durand).
D'aucuns disent que Dun-le-Palletot aurait hérité ce nom d'une fabrique de vêtement. Il s'agit, plus vraisemblablement, d'une déformation médiéval du nom d'origine. Redevenu "Dun-le-Palestel" depuis 1952, à l'initiative du maire Emile Genevoix, le bourg, très vivant (foire, marchés, prix cycliste, concerts, comice agricole, kermesse), a été plusieurs fois récompensé pour son fleurissement. La façade de la maison de retraite a conservé, de l'ancien hospice, le très beau portail du XIIIème siècle. Une station de monte des haras nationaux est installée sur la commune. Le château féodal, propriété de la famille Foucault de Saint-Germain-Beaupré, a été détruit pour laisser la place à l'Hôtel de Ville et à la Poste. Derrière la mairie, la trace des fossés est encore visible. Dans le quartier de Dunet, en face du lavoir, il existe une jolie fontaine, de forme trilobée, taillée dans un seul bloc de granit.
Crédit photos: Christine et Alain Tixier, Ministère de la Culture (Malval, St-Vaury) , Luc Nadaud (Château
de Mornay)
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